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I comme Innocent

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Branche Poissonnier

En général, c'est moi qui cours après les ancêtres.

Innocent Fessu

a changé les règles du jeu : c'est lui qui m'a cherchée et trouvée !

  • Ah ! Vous voilà. Je vous ai trouvée. J'ai bien cru que je n'y arriverais pas !
  • Pourtant tout le monde me connaît, j'habite ici depuis longtemps…
  • Longtemps, longtemps... Vous habitez loin de chez moi, et en plus, vous vivez presque trois siècles après moi. Comprenez que ma quête n'a pas été simple.
  • Mais pourquoi me cherchez-vous ?
  • On m'a dit que vous parliez aux morts, et moi, je suis mort depuis 275 ans. Donc, je veux que vous me parliez.
  • Je ne parle pas aux morts !
  • On raconte que vous cherchez les morts et que vous les accrochez dans de beaux arbres. Ensuite, vous racontez leurs vies, vous parlez de leurs familles, de leurs métiers. M'aurait-on menti ?
  • Ce n'est pas comme ça que je présenterais les choses… Après tout, c'est une façon de décrire ce que je fais.
  • Je peux entrer ?
  • Oui, oui, entrez.
  • C'est grand ici, et il y a de drôles de choses.
  • Grand ? Pas tant que ça.
  • Vous ne connaissez pas ma masure ! Ici, c'est presque un château, au moins une maison de Maître.
  • Soit. Mais qui êtes-vous ?
  • Dans ma hâte de vous trouver, je manque à tous mes devoirs. J'étais assez pressé de vous rencontrer, avant que vous-même ne partiez pour rejoindre les morts.
  • Merci, je ne suis pas vraiment prête pour cette étape ! Et je repose ma question : qui êtes-vous ?
  • Innocent Fessu, né en 1698, et décédé en 1747. Et épargnez-moi les plaisanteries sur mon nom. Durant ma vie, je les ai toutes entendues. Nous gagnerons du temps.
  • Innocent Fessu ? Vous êtes certain d'être dans mon arbre ? Il faut que je vérifie. Je n'ai pas tous les noms en tête.
  • Et il est où votre arbre ?
  • Ici, dans mon ordinateur.
  • Ce n'est pas un arbre ! C'est quoi cette boîte ? Vous êtes une magicienne ? J'espère que vous n'êtes pas une sorcière acoquinée au Diable !
  • Non, je ne suis pas une sorcière. J'utilise un outil très répandu dans le XXIe siècle. Deux minutes… Ah oui, vous êtes là !
  • Je vous crois. Je ne sais pas lire, mais si vous le dites, je vous crois. Alors, vous allez parler de moi ?
  • Que voulez-vous que je dise ?
  • Tout ! Enfin presque. Tout ce qui est … présentable.
  • Et si c'était vous qui parliez, qui me racontiez votre famille. J'écrirais ce que vous me direz.
  • C'est une bonne idée. Alors je commence par mes parents. Mon père s'appelait Clément Fessu, et ma mère Marie Boucher. Ils étaient vignerons, alors, je suis devenu vigneron ! N'allez pas croire que nous possédions les vignes que nous entretenions. Nous étions des ouvriers agricoles, spécialistes de la vigne. J'ai passé toute ma vie à Cerny. C'est un village que j'aime bien. Pas trop loin de Paris, et très loin des frontières, ce qui nous a évité pas mal de soucis… Là-haut - pas à Cerny, non là-haut dans le ciel - j'ai rencontré des gens très savants. Ils m'ont raconté que Cerny, il y a bien longtemps, et même avant la naissance de Jésus, vivaient à Cerny des hommes… comment ont-ils dit… préhistériques, non, pré... préhistoriques, oui c'est ça ! Et que ces hommes préhistoriques avaient inventé une nouvelle façon de vivre… Je n'ai pas tout compris, mais cela me fait rêver… Je suis parti bien loin, mais je reviens à l'histoire de ma vie. Donc, à Cerny, j'étais vigneron, et j'ai rencontré une belle jeune fille. Marguerite David. Vous devinez la suite… Nous nous sommes mariés. Nous avions un peu plus de vingt ans, nous avions toute la vie devant nous. Nous étions insouciants. La vie ! Elle nous a joué quelques tours… Au bout d'un an, nous avons eu notre premier enfant. Mais il n'a pas vécu. Cela a été dur pour Marguerite. Mais un an plus tard, presque jour pour jour, notre première fille est née. Nous l'avons appelée Marie Marguerite. Mais très vite, elle est devenue Marguerite, tout simplement. Nous étions inquiets, mais elle a vécu. Elle allait bien. Et dix-huit mois plus tard, Marie est arrivée, elle aussi pleine de vie. En y réfléchissant, c'est peut-être parce que Marie est née que Marie Marguerite est devenue Marguerite… Pour notre troisième fille, qui est née quatre ans plus tard, nous avons abandonné les "Marie", et nous l'avons baptisée Françoise. Là, aucun risque de confusion ! L'année suivante, un autre enfant s'est annoncé. Nous avions trois filles et nous espérions vraiment un garçon. Et c'était un garçon auquel nous avons donné mon prénom : Innocent. Il est né le 12 mai 1729. Jamais je n'oublierais cette date, ce jour de grande joie et de grand désespoir. Car Marguerite est morte le même jour. D'une manière subite, inattendue, car les autres naissances s'étaient bien passées. Et voilà, j'avais quatre enfants, trois filles et un fils tant espéré, mais ma femme était morte. Elle n'avait que 31 ans. Les années qui ont suivi ont été difficiles. Seul pour élever quatre enfants, dont un nouveau-né.
  • Vous ne vous êtes pas remarié ?
  • Non. Tout le monde me disait qu'il fallait que je trouve une nouvelle femme, mais non… J'étais bien entouré. Les femmes de la famille s'occupaient des enfants. Les quatre ont grandi et sont devenus des adultes. Marguerite, mon aînée s'est mariée à l'âge de 21 ans, et j'étais présent à son mariage. J'aurais bien aimé assister aux mariages de mes autres enfants, mais le Seigneur en a décidé autrement. Je suis mort l'année suivant le mariage de Marguerite et Jean Thaurin. J'avais 48 ans. 
  • Et c'est la fin de votre histoire.
  • Comme vous disiez, c'est une façon de présenter les choses. Je suis mort, mais j'ai retrouvé Marguerite…Je n'étais plus sur terre, mais de là-haut j'ai continué à suivre ma petite famille. Ne me demandez pourquoi ni comment, je ne sais pas. J'apprenais les choses, les événements de leurs vies au moment où ils arrivaient. J'ai vu, oui j'ai vu, Marie épouser Jean Rousselet, puis j'ai vu Innocent épouser Gabrielle Richard. Et enfin, j'ai vu Françoise épouser Pierre Marinier. J'ai su qu'ils avaient des enfants, que certains vivaient et que d'autres nous rejoignaient là-haut. Et puis est venu le moment où mes enfants eux-mêmes nous ont rejoints. Comme toujours, Marguerite a été la première : elle n'avait que 44 ans. Puis l'année suivante, ce fut Marie, qui avait aussi 44 ans. Un peu plus tard, Innocent est arrivé, et lui aussi avait 44 ans ! Et Françoise est venue compléter la famille, plus tard, bien plus tard. Elle a passé le cap des 44 ans, et est décédée à l'âge de 74 ans. Un vrai record pour notre famille.
  • Il y a une chose qui m'étonne dans votre famille. Vous êtes resté veuf 18 ans, sans vous remarier. Jean Thaurin, l'époux de Marguerite est resté veuf 26 ans, et ne s'est pas remarié. Jean Rousselet, l'époux de Marie est resté veuf dix ans, sans se remarier. Gabrielle Richard, l'épouse d'Innocent est restée veuve 21 ans, sans se remarier. Quant à Françoise, elle est restée veuve 41 ans, là encore sans se remarier. J'ai bien cherché, sans trouver de nouveaux mariages. Et, surtout, les actes de décès de chacun précisent bien "veuf de…" ou "veuve de…", et on trouve pour chacun le nom de leur premier mari ou première femme. Vous en avez parlé avec eux ?
  • Parler ? Non, là-haut ce n'est pas la place du village ! On ne se parle pas, on ne se voit pas, on ressent, ce qui est bien suffisant. Non, je ne sais pas pourquoi tous nous sommes restés veuf ou veuve, tout comme je ne sais pas pourquoi trois de mes enfants sont morts à 44 ans ! Allons… j'ai l'éternité devant moi, mais pas vous, enfin pas encore. La nuit va tomber, il faut que je parte. Tout ce que je vous ai dit, vous allez en faire quoi ?
  • Je vais tout mettre en forme, et ensuite je le publierais sur internet.
  • ????
  • Je vais utiliser ma boîte magique pour faire connaître ce récit à d'autres personnes.
  • Au monde entier ?
  • Restons modestes. Je vais le faire connaître aux personnes qui lisent mes textes.
  • Et ils sont nombreux ?
  • Je ne suis pas très connue. Disons quelques dizaines de personnes. Et si le texte leur plaît, ils pourront le partager avec d'autres.
  • Bon, c'est un début. Je ne regrette pas de vous avoir rencontrée. Je vais transmettre tout ça aux autres morts que je connais. Ils auront peut-être envie de vous rencontrer.
  • Oui… Mais ne faites pas trop de propagande autour de notre rencontre. Nos journées au XXIe siècle sont comme les vôtres au XVIIIe siècle : elles ne font que 24 heures. Et il faut aussi que je dorme, que je mange, que je m'occupe de la maison, que je fasse les repas, sans parler de la lessive, du ménage…
  • Voilà au moins des choses qui n'ont pas changé ! Je pense qu'il est temps pour moi de retourner dans mon siècle, de retrouver mes morts. Qui sait, peut-être un jour nous rencontrerons-nous dans l'autre monde. Cela me ferait plaisir : nous aurons l'éternité pour raconter nos histoires.
  • Un jour, peut-être, mais je ne suis pas très pressée. Au revoir Monsieur Fessu.
  • Au revoir, magicienne du XXIe siècle !
     

Innocent est le Sosa 276, génération IX, de la branche Poissonnier, une branche collatérale de mon arbre.

 

 

Comme Innocent, ils ont vécu à Cerny :

La culture néolithique dite du "groupe de Cerny" :

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Article publié dans le cadre du ChallengeAZ 2022

 

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A
J'adore l'idée de l'ancêtre qui vient sonner à notre porte, bel article
Répondre
J
Inverser le RDVancestral : il n'y a pas de raison pour que nous soyons les seuls à chercher nos ancêtres. Eux aussi peuvent mettre la main à la pâte et chercher leurs descendants !!!