Johann Nicolaus et sa famille, ballotés entre Empire Germanique et Empire Français, entre l'alsacien et le français, entre le calendrier grégorien et le calendrier révolutionnaire.
Tous les textes de cette couleur contiennent un lien vers une autre page, interne ou externe. Pour y accéder, il suffit de cliquer sur le texte.
|
|
Je m'appelle Johann Nicolaus Becker. Je suis né
le 15 avril 1781 à Dehlingen (67, Bas-Rhin) (acte 95)
Je suis fils de Johann Nicolaus et Sophia Maria Koëppel. Je suis leur troisième fils. Sur leurs huit enfants, sept sont des garçons, seule la petite dernière Anna Barbara est une fille. Et c'est elle qui deviendra votre ascendante !
Je suis bien content d'être né à cette date, le 15 avril. Car si vous n'aviez pas cherché un ancêtre ayant connu un événement à cette date précise, vous ne m'auriez pas trouvé ! Je ne vous en veux pas. Nous sommes parents, mais un peu éloignés dans le temps.
Le principal est que nous nous soyons retrouvés !
Donc, j'ai vu le jour le 15 avril 1781, non pas dans le Bas-Rhin (???), mais dans la Seigneurie de Diemeringen qui peu avant avait été rattachée à la France. Mon roi s'appelait Louis XVI.
Mais je vous taquine, car en fait j'avais 12 ans en 1793 lorsque j'ai appris que désormais j'habitais dans le département du Bas-Rhin, et que je faisais partie de la République française.
Cela a-t-il changé beaucoup de choses pour moi ? Le travail était aussi difficile, les bonheurs et les malheurs se succédaient, les maladies étaient toujours là... On ne m'a pas obligé à changer de religion, je suis resté Protestant. Et j'ai toujours parlé ma langue, l'alsacien. Mais le calendrier, quelle torture...
J'ai épousé Maria Catherina Nehlig le 3 messidor an XI (acte 3) !! En fait, le 22 juin 1803. Johann Friedrich est né le 11 nivôse an XII (acte 12), et Johann Philipp le 12 messidor an XIV (acte 15). Ensuite, nous sommes revenus au calendrier normal, et nos deux derniers enfants ont été déclarés à des dates normales : 23 février 1811 (acte 1) et 29 août 1817 (acte 10). En revanche, ces deux déclarations ont été faites en français, car ces messieurs de la mairie devaient utiliser cette langue. Maria Catharina et Maria Elisabetha, nos deux filles se sont vu attribuer les prénoms de Marie Catherine et Marie Elisabeth.
On nous a expliqué que votre roi et votre reine - pardon, que mon roi et ma reine - avaient été guillotinés. Puis que nous étions en République. Puis que nous étions repartis au sein d'un Empire, mais cette fois l'Empire français et que Napoléon Ier était notre Empereur. Soit ! Mais que ce soit un Empereur germanique ou un Empereur français, tous les Empereurs semblent avoir la même idée : faire la guerre. Et dans notre région, nous sommes mal placés : pile entre les deux empires. Traversée une fois par les troupes de l'un, un autre fois par les troupes de l'autre... Quand ce ne sont pas les troupes de leurs alliés...
Ensuite, on nous expliqué qu'il n'y avait plus d'Empereur en France, mais à nouveau un Roi. Puis l'Empereur est revenu. Pas longtemps. Juste le temps de refaire une guerre, avant à nouveau d'être remplacé par un Roi. Et, encore une fois, nous nous sommes retrouvés envahis par des armées étrangères : celle de Bade et celle de Saxe.
Enfin, quand Maria Elisabetha a eu environ un an, vers 1818, tout semble s'être calmé. Notre vie a repris son cours, sans beaucoup de changement : travail, bonheurs et malheurs, maladies... Jusqu'à ce jour, le 22 janvier 1828 (acte 1), où ma chère femme Maria Catharina s'est éteinte. Elle avait 48 ans.
J'ai poursuivi ma vie, et je suis parti le 5 décembre 1843 (acte 11), à l'âge de 62 ans. La région était calme, on voyait de nouvelles choses : des industries qui s'installaient, un canal, et même une ligne de chemin de fer. J'ai quitté une région apaisée, et j'espère que cela a duré longtemps, très longtemps...
Johann Nicolaus Becker est un oncle au huitième degré.
Dehlingen se trouve au nord-ouest de l'Alsace, dans une région appelée l'Alsace Bossue ou Krummen Elsass. C'est une région vallonnée, bosselée, qui apparaît effectivement bossue à l’œil du visiteur en contraste avec la plaine alsacienne.
Johann Nicolaus a fait le "gros" du travail à ma place. Il a presque tout dit de cette région, ballottée pendant des siècles entre le Saint-Empire Romain Germanique-Allemagne et le Royaume de France-France.
Diemeringen a été annexée par la France en 1680 à la suite des campagnes de Turenne. Lors du Traité de Ryswick, en 1697, elle redevient indépendante, sous la bannière du Saint-Empire Romain Germanique. Elle fait donc le trajet inverse d'une grande partie de l'Alsace.
En 1781, Dehlingen fait partie de la Seigneurie de Diemeringen. Jean X était Seigneur de Diemeringen et est décédé en 1688. Sa veuve lui a succédé et est décédée en 1718. Ils n'ont pas de descendants. Quatre familles réclamaient la succession de la Seigneurie :
Rheingrave = titre de Seigneurie dans le Saint-Empire Romain Germanique.
Il est finalement décidé que la Seigneurie resterait indivise. Un bailli fut nommé, avec mission de la gérer et de répartir les bénéfices des terres entre chaque famille. La Seigneurie est "vierherrig" = Seigneurie des quatre familles.
Lors de l'annexion de l'Alsace en 1790, la Seigneurie de Diemeringen n'est pas annexée. Elle ne le sera qu'en 1793.
La raison de ce décalage est peut-être d'ordre religieux. En regardant une carte, il semble évident que l'Alsace Bossue fait partie de la Lorraine, et non de l'Alsace. Mais en 1793, la Lorraine est majoritairement catholique, alors que l'Alsace Bossue est majoritairement protestante. Le choix de rattacher la Seigneurie de Diemeringen à l'Alsace pourrait ainsi s'expliquer.
Tout, tout, tout sur ce blog, en cliquant sur ce texte
Si vous souhaitez partager vos propres réalisations : textes, vidéos, graphismes, BD, podcasts, livres photos et autres... vous pouvez les partager sur le groupe Facebook que j'ai créé à cet effet. Sur ce groupe, vous pouvez aussi lire des articles d'autres auteurs. Il s'agit d'un groupe privé, il faut donc s'y abonner. Vous pouvez toujours - abonné(e) ou pas - prendre connaissance des objectifs de ce groupe en lisant le texte de présentation.
Vous pouvez aussi retrouver mes articles sur ma page Facebook, qui fonctionne comme un site "miroir" de ce blog (page en accès libre).
%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%