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Un climat insurrectionnel |
18 mars-28 mars 1871 |
Paris (à nouveau) assiégé |
La semaine sanglante |
Les incendies |
Le bilan humain |
Trois vidéos sur la Commune |
Les élections législatives de 1871 ont eu lieu le 8 février. L'Assemblée nationale est une chambre unique du parlement français. Elles sont organisées en application de la convention d'armistice signée entre la France et l'Empire allemand le 28 janvier. Les autorités allemandes veulent avoir l'assurance de négocier le Traité de Paix avec un gouvernement légal.
Les élections se déroulent au scrutin de liste majoritaire départemental à un tour : la liste arrivée en tête remporte l'intégralité des sièges à pourvoir dans le département (loi électorale du 15 mars 1849). Ce scrutin donne une majorité monarchiste à l'assemblée avec les orléanistes, qui détiennent 214 sièges, et les légitimistes, qui détiennent 182 sièges. L'alliance entre ces deux partis donne une majorité royaliste de 396 députés sur 638. Adolphe Thiers est élu par l'Assemblée chef du pouvoir exécutif de la République, le 17 février.
Les Parisiens sont soulagés par la fin du siège et des pénuries alimentaires, mais se sentent trahis par leurs gouvernants. À Montmartre, le maire du XVIIIe arrondissement, un certain Georges Clemenceau (31 ans), attise les ressentiments de la population en affichant une proclamation où l'on peut lire : "On vous a livrés sans merci. Toute résistance a été rendue impossible".
La signature de l'accord préliminaire au Traité de paix le 1er mars est ressentie comme une violente humiliation.
Les combats contre les Prussiens ayant pris fin, l'Assemblée renonce pour sa part à revenir à Paris, par peur de la capitale et de ses deux millions d'habitants aux sentiments majoritairement républicains, voire socialistes. Elle décide donc le 10 mars 1871 de quitter Bordeaux pour... Versailles, la ville royale !
L'Armistice est clair : les troupes régulières doivent être désarmées. Mais les bataillons de la Garde Nationale, qui ont participé à la défense de Paris, forts de 180 000 hommes, conservent leurs armes. Ils sont équipés de 500 000 fusils et deux cents à trois cents canons. La Garde nationale se constitue en Fédération, d'où le nom de "Fédérés " que l'on donnera aux insurgés. Ses délégués, réunis en assemblées générales, nomme un Comité central.
Gardes nationaux devant l'école des Beaux-Arts
Thiers a un objectif précis : récupérer les canons. La confrontation entre les troupes régulières (Les Versaillais) et les bataillons de la Garde Nationale est inévitable.
Les canons de Montmartre
Les troupes Versaillaises entrent dans Paris. Thiers envoie une colonne de 4 000 soldats avec l'ordre de récupérer les canons stockés à Montmartre. Mais l'affaire est mal préparée et les soldats perdent du temps à chercher des attelages. On sonne le tocsin. Gardes nationaux, femmes et enfants accourent de partout. Les soldats se débandent ou se rallient aux manifestants.
Adolphe Thiers renonce à réprimer l'émeute. Malgré l'avis contraire de plusieurs ministres et de Jules Ferry, préfet de la Seine à titre provisoire, il ordonne à l'armée et aux corps constitués d'évacuer sur le champ la capitale. L'évacuation est achevée le soir même. Clemenceau, Hugo, Schoelcher, Gambetta et quelques autres républicains tentent mais en vain de faire entendre à Versailles la voix de la modération.
Pris de court par le vide du pouvoir, le Comité central désigné par la Fédération de la Garde nationale se réunit dans la plus grande confusion à l'Hôtel de Ville. Il n'est composé que d'une trentaine de citoyens obscurs, ouvriers, petits patrons, boutiquiers... auxquels se sont adjoints des militants jacobins nostalgiques de Robespierre , blanquistes (partisans du théoricien de la révolution Auguste Blanqui), proudhoniens (héritiers de l'utopiste Pierre-Joseph Proudhon, mort en 1865), socialistes, anarchistes etc.
Des élections municipales sont organisées le 26 mars. Elles donnent lieu à une faible participation : environ 50% des inscrits.
et le Comité central lui remet ses pouvoirs. La proclamation de la Commune soulève un jaillissement de joie parmi les gens du peuple.
Plus de 70 journaux aux titres hardis sont créés : Le Réveil, Le Cri du peuple, Le Mot d'ordre, Le Père Duchesne. Mais l'immense majorité de la population parisienne demeure cependant indifférente à l'agitation politique. La vie continue. La Bourse elle-même continue de fonctionner plus ou moins. L'Académie des sciences poursuit ses séances hebdomadaires La Commune proclame la séparation de l'Église et de l'État, l'instruction gratuite, laïque et obligatoire pour les garçons et les filles, la gratuité de la justice, l'élection des juges et des hauts fonctionnaires, la suppression de toute distinction entre enfants légitimes et naturels... autant de mesures qui nous paraissent aujourd'hui aller de soi. Elle adopte aussi le drapeau rouge le 28 mars ainsi que le calendrier révolutionnaire.
Mais elle ne songe pas à attribuer le droit de vote aux femmes, n'ose pas toucher à la journée de travail et surtout ne s'empare de la Banque de France et de son or. Beaucoup de décisions sont le plus souvent restées lettre morte : saisie des biens de l'Église, plafonnement du salaire des fonctionnaires et interdiction du cumul des fonctions (les postes se multiplient néanmoins), interdiction du travail de nuit pour les ouvriers boulangers (à la grande déception du peuple qui tient au pain frais du matin), interdiction des jeux de hasard et fermeture des bordels, arrestation des ivrognes... Le 16 avril, un nouveau décret réquisitionne les ateliers abandonnés par leur patrons et les confie aux ouvriers associés, contre la promesse d'indemniser le propriétaire à son retour. Un seul atelier bénéficiera de la mesure...
Proclamation de la Commune, place de la République
Proclamation de la Commune, place de la République
Les Parisiens voient se profiler un deuxième siège, cette fois par l'armée gouvernementale. Celle-ci compte 130 000 hommes sous le commandement du maréchal Patrice de Mac-Mahon. Elle a bénéficié de la libération anticipée de 60 000 soldats prisonniers, accordée à Thiers par Bismarck, trop heureux d'entretenir la zizanie chez les vaincus. Face aux Allemands qui stationnent à l'Est et au Nord et aux Versaillais qui la menacent à l'Ouest et au Sud, la Commune de Paris peut se prévaloir de fortifications massives (les "fortifs"). Elles enserrent la capitale depuis qu'Adolphe Thiers lui-même en a ordonné la construction trente ans plus tôt. La garde nationale a aussi occupé par précaution les forts du Sud (Bicêtre, Montrouge...) mais elle a négligé d'occuper le fort du Mont-Valérien, sur la route de Versailles.
À Courbevoie, au pied de ce fort, se produit la première escarmouche le 2 avril 1871, à l'initiative des troupes "versaillaises". Celles-ci capturent quelques "Fédérés" et les fusillent sur le champ. Dès le lendemain, la Commune tente de riposter en lançant trois colonnes sur Rueil, Meudon et Châtillon. Les Fédérés aux ordres de Gustave Flourens arrivent à Bougival, à quelques kilomètres de Versailles mais, pris sous le feu des canons du Mont-Valérien, ils se replient en désordre. Avec la mort de Gustave Flourens et Émile Duval, tués sommairement après leur capture, les Fédérés perdent leurs meilleurs chefs.
Le 19 avril, dans une "Déclaration de la Commune au peuple français", Paris suggère aux autres communes de France une association fédérale. Il s'ensuit quelques émeutes à Lyon, Marseille, Toulouse, Saint-Étienne, Le Creusot, mais elles sont vite réprimées et la France, dans son ensemble se tient coite. Les Parisiens ne contiennent plus leur vindicte contre les "cul-terreux" de la province. Le mépris est réciproque.
L'épuisement gagne. Le 21 mai 1871, avertis de ce que la poterne du Point du Jour, au sud-ouest des fortifications, n'est pas gardée, les Versaillais pénètrent enfin à Paris. C'est le début de la Semaine Sanglante.
18 mars 1871 : une barricade près de Charonne
Le 21 mai, les "Versaillais" donnent l'assaut final. La répression est sanglante. Le 28 mai les derniers Fédérés se retranchent dans le cimetière du Père Lachaise. Ils sont écrasés. 147 seront fusillés devant "Le Mur des Fédérés".
Le cimetière du Père-Lachaise, dimanche 28 mai 1871, dessin d'Henri-Alfred Darjou.
Durant la "Semaine Sanglante", les incendies font rage à Paris.
Les premiers sont occasionnés par les bombardements depuis le Mont-Valérien. Ensuite, les Communards eux-mêmes allument des incendies pour retarder l'avance ennemie, notamment dans la rue de Rivoli et les rues adjacentes. Il s'en trouve aussi pour incendier sciemment certains monuments illustres...
C'est ainsi que partent en fumée le palais des Tuileries, le palais de Justice gothique (la Sainte Chapelle est épargnée par miracle), l'Hôtel de Ville hérité de la Renaissance, le Palais-Royal et le palais d'Orsay. De précieuses collections d'art et des archives sans prix disparaissent pendant cette Semaine Sanglante.
Le 24 mai 1871, dans l'incendie de l'Hotel de Ville et du Palais de Justice, partent en fumée tous les actes d'Etat civil antérieur à 1860. Ils avaient été regroupés là, en prévention d'une invasion de l'armée ennemie...
De 1872 à 1897 une commission administrative s'efforça de reconstituer l'Etat civil de Paris, à partir des documents présentés par des particuliers, en exploitant les registres de catholicité, toutes les pièces annexes à l'Etat civil. Mais seul un tiers de ces actes a pu être reconstitué.
La création du livret de Famille, en 1877 est directement liée à cet incendie. D'abord limité à Paris, il fut généralisé à toute la France en 1884
Le soulèvement parisien a duré du 18 mars 1871 au 28 mai 1871, soit 72 jours.
La Commune a vécu du 28 mars 1871 au 28 mai 1871, soit 62 jours.
Les historiens semblent s'accorder sur un nombre de morts entre 17 000 et 20 000.
Plus de 40 000 arrestations donnèrent lieu soit à une libération, soit à des procès plus ou moins expéditifs. 6000 personnes furent condamnées soit à la prison, soit au bagne. Il y eut environ 5 000 déportations, vers la Nouvelle Calédonie ou l'Algérie, 93 condamnations à morts, dont 23 furent exécutées.
Une amnistie fut prononcée en 1880.
Si vous recherchez une personne qui aurait pu participer à la Commune, vous pouvez consulter le site "Le Maitron". En tapant le nom dans "Rechercher", vous aurez une liste correspondant à ce nom. Si vous trouvez votre personnage, cliquez sur son nom : une fiche d'information s'ouvre.
Supervisé politiquement par André Marty, Commune de Paris présente la vision du PCF - en 1951 - sur cet événement fondateur.
Des chansons populaires pendant la Commune :
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La guerre est déclarée | Voir |
Allemands ou Prussiens ? | Voir |
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L'enchaînement des défaites (3) : Bazeilles | Voir |
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Après Sedan | Voir |
Ma rencontre avec Charles Lhote | Voir |
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4 septembre 1870 - 10 mars 1871 : de la proclamation de la République au Traité de Paix | Voir |
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Le Traité de Francfort - Les territoires annexés - Le droit d'option | Voir |
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Paris transformé par Haussmann | Voir |
Nos ancêtres et la Garde Nationale (article d'Elise Lenoble) | Voir |
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