Il ne fait vraiment pas très chaud... Un 16 décembre, à Aroffe, dans les Vosges, c'est un peu normal. En ce jour du 16 décembre 1684(dernier acte), j'ai décidé d'assister au baptême du petit Bernard Collot. Je me suis "postée" devant l'église, car je ne veux pas revivre la même mésaventure qu'avec Isabella : je suis arrivée trop tôt, et j'ai assisté à sa naissance. Non, assister au baptême me suffira...En fait, la cérémonie est terminée, tout le monde sort de l'église.
Autour de moi, quelques personnes. Je vois une femme portant un bébé. Sans doute Claudon, la marraine. Deux hommes, Charles, le père de Bernard, et Bartholomé, son parrain. Mais qui est qui ? De plus, tout ce petit monde part très vite : il faut se mettre au chaud.
Je soupire, j'ai vraiment l'impression que ce RDVancestral va se terminer plus tôt que prévu.
Marie, Marie...
Je me retourne. Je suis face à un homme, la cinquantaine, paysan d'après son costume.
Bonjour Marie, je suis bien content de vous rencontrer
(Je bafouille un peu) Bon...bonjour. Vous...vous me connaissez?
Je sais qui vous êtes. Je me présente, Bernard Collot. Vous vouliez me rencontrer...
Je vois toujours Claudon qui se hâte vers sa maison, avec le petit Bernard dans les bras. Je perds pied !
Bernard Collot ? Mais, c'est le jour de votre baptême...
Nous sommes bien le 16 décembre 1684, et oui c'est bien le jour de mon baptême.
Euh... Vous ne pouvez pas être deux fois au même endroit, au même moment... et vous êtes un petit bébé, tout juste né, pas un homme...
Il éclate de rire.
Il n'y a nulle sorcellerie dans notre rencontre. Je suis bien mort depuis 284 ans. Et c'est bien moi qui suis dans les bras de cette brave Claudon, juste après mon baptême. Ne vous inquiétez pas, personne ne peut me voir. Il n'y a que vous qui sachiez que je suis là. Croyez-moi, il vaut mieux que vous me rencontriez moi adulte que moi bébé. Vous n'espériez pas avoir une conversation avec un enfant tout juste né ?
Tout cela est donc normal, tout à fait normal !
Oui, normal comme le fait que vous soyez ici, alors que vous vivez au XXIe siècle. Rien de plus normal. Il ne faut pas chercher à tout expliquer. Certains vous l'ont déjà dit. Quand on est mort, on est mort, sauf si quelqu'un pense encore à nous, nous recherche pour nous faire revivre un peu. Vous m'avez cherché, alors je suis venu !
Pourquoi pas ? Il faut que je me reprenne.
Vous êtes un fils de Charles Collet et Claire Lalouette. Vous êtes né à Aroffe, dans les Vosges. Et vous vivrez. Ma remarque n'est pas très futée, mais il y a tellement de décès d'enfants en bas-âge...
C'est un peu confus pour moi, mais je suis leur premier fils. Avant moi sont nées trois filles : Antoinette, Marie et Libaire. Je n'ai souvenir que de Marie. Je pense qu'Antoinette et Libaire sont décédées bien jeunes. Après moi naîtront Nicolas, Anne, Jeanne, Antoine Elisabeth, Jean et un dernier enfant qui n'a pas survécu à sa naissance. Mais seules Jeanne et Elisabeth restent dans ma mémoire. J'ai bien peur que mes autres frères et sœurs soient aussi disparus très vite.
Vos parents ont eu au moins onze enfants. Je n'ai pu suivre le devenir que de quatre d'entre eux : Marie, vous, Jeanne et Elisabeth.
C'est le lot de toutes les familles. Les enfants naissent, beaucoup meurent très jeunes. Ne pensez pas que cela ne nous attriste pas, non, chaque enterrement est une douleur. Ce qui nous console, c'était de savoir que ces enfants sont baptisés, et qu'ils sont au Paradis, près de Notre Seigneur. Et pour notre famille, malgré tout ces malheurs, nous avons de la chance ! Charles, mon père, est décédé vers 66 ans, et ma mère, Claire, est partie à presque 80 ans. Contrairement à tant d'autres enfants, nous avons eu une enfance préservée. Nous n'étions pas riches, loin de là, mais nous ne n'avons pas connu la douleur de perdre nos parents trop tôt, l'incertitude du lendemain.
Il fait une pause, puis reprend.
Par contre, Marie, je trouve qu'Elisabeth Desmarets, mon épouse, et moi avons peu de place dans votre arbre. Aucun de nos enfants n'y figure. Pareil pour les enfants de Jeanne et Simon Vitry, ou ceux d'Elisabeth et Jean Gilbert : totalement absents. Il n'y a que Marie et son époux Henry Henry (quel drôle de nom !) qui ont droit à leurs enfants et leur descendance.
C'est vrai. Si on n'y prend pas garde, un seul arbre généalogique peut rapidement devenir une forêt très dense, trop dense pour moi. J'ai pris le parti de noter les enfants de mes ascendants directs ainsi que leur conjoints, mais pas les petits-enfants. Je ne cite que les enfants de nos ascendants directs. Marie et son époux Henry sont des ascendants directs, donc leurs enfants figurent dans mon arbre.
Et moi, je ne suis qu'un lointain cousin...
J'ai vérifié. sur Geneanet, il y a au moins trente arbres qui citent vos descendants. Pour certains des auteurs de ces arbres, vous êtes un "Sosa", c'est à dire un ascendant direct. Il faudrait que vous les rencontriez.
Merci, j'y vais de ce pas !
Oups ! Bernard s'est évaporé... Comment expliquer aux auteurs des arbres cités qu'ils vont recevoir la visite de leur ancêtre ? J'imagine leur réaction si je leur envoie ce message : "Bonjour, Je suis heureuse de vous apprendre qu'un de vos ancêtres, Bernard Collot, va bientôt prendre contact avec vous."
Allons, il est temps de mettre un terme à ce voyage à travers le temps....
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