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Messieurs les Curés,
Pour la première fois, je prends ma plume d'oie pour écrire une lettre dans laquelle j'exprime mon mécontentement ! Dans mes écrits, j'ai plutôt tendance à remercier. Mais là, trop, c'est trop !
Vous officiez dans les années 1690-1750, dans le diocèse de Beauvais, région qui deviendra un jour le département de l'Oise. Vous rédigez des actes de baptême, de mariage ou de sépulture dans une écriture assez lisible. Vos registres sont bien tenus. Peu de choses à critiquer. Il manque certaines années, et vous n'êtes sans doute pas responsables de ces lacunes.
Mais... vos actes de mariage ne sont pas filiatifs, et ce, génération après génération. Cela viendrait-il d'une consigne de l'Evêque ? Ou pensez-vous que cela a peu d'importance ? Dans d'autres paroisses, à la même époque, les parents des époux sont mentionnés. On peut même avoir l'indication "feu" ou "défunt" pour certains. On trouve aussi les noms et prénoms des témoins, avec parfois l'indication de leur parenté avec les mariés.
Mais vous, non : rien de rien. Pas de filiation, pas de liste de témoins. Juste "en présence des témoins qui ont signé".
Prenons l'acte de mariage d'Antoine Rogué et Susanne Langlois, le 29 décembre 1718, à Bazancourt :
[clic pour voir l'acte dans le registre] Dernier acte, page droite
Pas de filiation, ni pour l'époux, ni pour l'épouse. Pire, rien n'indique que Susanne est veuve ! C'est en lisant l'acte de décès d'Antoine en 1765, qu'on devine que Susanne a été mariée une première fois. Après avoir trouvé l'acte du premier mariage, pas plus d'avancée, car lui non plus n'est pas filiatif. Susanne Langlois épouse Charles François Leclerc le 27 février 1713 à Bazancourt.
[clic pour voir l'acte dans le registre] 1er acte, page gauche
Puis-je aussi aborder les actes de décès ? Vous réservez un sort particulier aux hommes : une ligne, une date, un nom. Terminé ! Nous n'en saurons pas plus. Pas de nom d'épouse, pas de liste de témoins : rien ! Les femmes, pour une fois, sont mieux loties : vous nous donnez les prénom et nom de leur époux...
[clic pour voir l'acte dans le registre] 2 mars 1747, décès de Jean Doucet, 3ème acte page gauche
Ce brave Jean Doucet a été accompagné par ses enfants jusqu'à sa dernière demeure. C'est réconfortant pour lui. Mais qui étaient ses enfants ? Qui était son épouse ? Diantre, nous sommes en 1747 !
Je comprends que votre ministère vous prend beaucoup de temps, que vous courez par monts et par vaux, que cette obligation de rédiger les actes est un poids qui pèse sur vos épaules. Pourtant, certains de vos confrères, depuis fort longtemps, prennent ce temps et rédigent des actes qui permettent d'y voir clair dans les filiations.
Je comprends que lorsque vous rédigez ces actes, pour vous comme pour les personnes présentes, il n'est nul besoin d'indiquer ces précisions. Tout le monde connait les mariés, tout le monde connait "Pierre Langlois" qui signe, et "François Langlois" qui signe... Tout le monde connaît le défunt !
Mais moi, je ne les connais pas. Ou, pour être plus exacte, des "Pierre Langlois qui signe" et des "François Langlois qui signe", j'en connais, mais trop, et je n'arrive pas à les identifier avec certitude : pères, frères, cousins, neveux ?
Il est évident que vous n'avez pas pensé à nous, les descendants, qui nous arrachons les cheveux pour reconstituer les familles. Je sais bien bien que ma lettre n'aura aucun effet, et peut avoir perturbé votre repos éternel. Mais râlez toute seule devant mon (ordinateur) écritoire est lassant. Et j'avais besoin, pour une fois, de râlez différemment.
Je vous prie de croire, Messieurs les Curés, en l'expression de mon profond respect ......
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