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Rendez-vous ancestral avec Louis Doucet (1840-1892)

Dans quel monde vivaient-ils ?

Branche Ducret

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  • Louis, Louis, attendez-moi, ne marchez pas si vite ! Je n'ai plus vos vingt ans...
  • Désolé, mais que voulez-vous, il est midi et il faut que je reprenne mon travail rapidement.
  • Le jour de la naissance de votre premier né, le 18 janvier 1860 (acte 96, page 17/31), vous avez peut-être le droit de vous reposer un peu...
  • Me reposer ? Regardez autour de vous. Vous voyez beaucoup de personnes qui se reposent ?

Je reconnais que ce quartier, l'actuel 13e arrondissement de Paris, est très animé. Les gens vont et viennent, tous semblent bien pressés.

  • Déjà, ce matin, je n'ai pas travaillé. je suis resté près de ma femme, je ne voulais pas la laisser seule. Une première naissance, c'est tellement inquiétant.
  • Tout s'est bien passé ?
  • Oui, Elle va bien et notre petit garçon, Vincent, est plein de vie. Mais cet après-midi, je reprends ma charrette et je retourne vendre mes légumes. Les ménagères vont faire leurs courses pour le repas de ce soir, et pas question de les laisser acheter auprès d'autres vendeurs !
  • Vous êtes "Marchand des quatre saisons". Pourquoi pas "Marchand de légumes" ?
  • On m'a dit que c'est une spécialité de Paris. On nous appelle ainsi "Marchand des quatre saisons". Et c'est bien vrai, car nous sommes là toute l'année, rien ne nous arrête. Soleil, pluie, vent, neige, peu importe... Les clients doivent acheter pour nourrir leur famille, et nous devons leur vendre nos produits. Il m'arrive aussi de vendre quelques fleurs.
  • Ces légumes, d'où viennent-ils ? Ce n'est pas vous qui les faites pousser.
  • Ah ! C'est sûr ! Je ne fais rien pousser, je vends. Et je paye une taxe pour exercer mon métier. J'achète surtout aux Halles. L'Empereur Napoléon III en a fait un bel endroit, avec un architecte... Bal... Bal... Baltard, oui c'est son nom. C'est grand, c'est propre. Mais ça bouge, ça bouge... Enfin, je veux dire qu'il y a toujours beaucoup de monde, des vendeurs, des acheteurs... Ce n'est pas toujours simple de circuler pour remplir la charrette. On y rencontre plein de gens différents. Des marchands comme moi, mais aussi des gens des tavernes, des majordomes de grandes maisons... On a parfois du mal à se faire entendre, tellement il y a de bruit ! On négocie le prix des marchandises, on marchande. Et parfois, on hausse un peu le ton. On essaye de trouver le meilleur prix, mais on veille aussi à la qualité des fruits et des légumes. Et à la fin, on se retrouve à la taverne, histoire de se requinquer avant de partir vendre. On mange un morceau, on boit un petit coup et on cause, on cause. Des fois, on apprend des nouvelles intéressantes, sur la vie de Paris, et aussi sur ce qui se passe à l'autre bout de la France. Mais c'est ma vie, et j'aime ça. Il m'arrive aussi d'acheter quelques légumes à des paysans de la région, mais c'est plus rare.
  • Les Halles de Paris ont vu le jour vers 1110. Et elles vont continuer d'exister jusque vers 1970.
  • (Louis s'arrête) Et après ? Les parisiens ne vont plus manger ?
  • Ils vont continuer à manger et à acheter leurs produits aux Halles, mais les Halles seront déménagées plus loin, dans une commune qui s'appelle Rungis.
  • Rungis ? Mais c'est loin... 
  • C'est à 13 kilomètres de Paris.
  • 13 kilomètres ! Et vous croyez qu'on va tirer nos charrettes sur 13 kilomètres ???
  • Quand le déménagement se fera, les déplacements seront plus simples, on aura trouver des solutions. Les marchandises ne seront plus tirées par des hommes, mais par des machines.
  • Mouais... Je veux bien vous croire... Nous sommes arrivés à la mairie. Je vais vous abandonner ici.
  • J'ai une question à vous poser.
  • Oui, mais alors vite....
  • Vous et la mère de Vincent n'êtes pas mariés et...
  • Pas le temps de se marier, on travaille de trop ! Et pas d'argent non plus. Un mariage... Il faut inviter la famille, les amis... Et ça coûte... Alors on en parle, et le moment venu, on se mariera.
  • Une tout petite dernière chose... Vous connaissez bien les prénoms et le nom de la mère de Vincent ?
  • Alors, Madame qui vient du futur, je suis peut être un simple travailleur, je n'ai pas de bonnes manières, mais je ne suis pas idiot... Les prénoms et le nom de la mère de mon enfant, oui, je les connais ! Bon retour dans votre futur, je reste dans mon présent et je vais de ce pas déclarer la naissance de mon fils, Vincent Doucet !

Oups ! Il va falloir que j'apprenne à aborder les gens du passé. C'est compliqué... Je ne peux pas leur révéler l'avenir, mais je ne peux pas faire comme si je ne le connaissais pas.

J'aurais pu dire à Louis que Vincent vivrait, qu'il se marierait et aurait une descendance. J'aurais pu lui dire que neuf autres enfants allaient naître après Vincent. Que sur ses dix enfants, seuls quatre, dont Vincent, arriveraient à l'âge adulte, se marieraient et auraient des enfants.

J'aurais pu lui dire qu'il se marierait avec "sa femme", le 10 septembre 1864, après la naissance de leur troisième enfant.

J'aurais pu lui dire qu'aucun de ses dix enfants ne quitterait le 13e arrondissement de Paris.

J'aurais pu lui dire que la mère de ses enfants verrait mourir neuf de ses dix enfants, avant qu'elle-même ne décède.

J'aurais pu lui dire que la mère de Vincent s'appelle Marie Henriette Legras, et non Henriette Emélie Arnould, comme il va le déclarer après notre rencontre. Ce qui leur vaudra à tous les deux quelques soucis au moment de leur mariage en 1864....

Mais... Ce 18 janvier 1860 est un jour de bonheur : son premier fils vient de naître.

Louis Doucet est le Sosa 26, génération 5, d'un de nos beaux-frères.

 

 

 

 

 

 

 

 

(Durée : 1 heure)

Dans sa saga des Rouquon-Macquart, Emile Zola a consacré un livre aux Halles, en 1873 : "Le ventre de Paris"

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