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Dans mon arbre généalogique, Henri Arseau fait partie des personnes pour lesquelles j'ai un certain nombre d'informations, avec de grandes zones d'ombre. D'autre part, il est une "personne-charnière", c'est à dire trop ancienne pour avoir laissé de vrais souvenirs à ses descendants, mais trop récente pour trouver facilement des informations numérisées.
J'ai donc cherché sa fiche militaire, juste au cas où... Je n'ai pas été déçue ! Je n'avais jamais vu une fiche aussi longue, aussi fournie en informations.
Henri s'est engagé dans l'armée en 1899, et ne l'a quittée qu'en 1919. Ce sont donc vingt années de sa vie qui sont transcrites dans cette fiche.
Sa fiche militaire (Note : la visionneuse vendéenne est un "peu" lente. Donc, patience. La fiche se trouve dans le registre 1901 de La Roche-sur-Yon (85), N° 1501-2000, vue 65/776)
Henri naît le 23 février 1881 dans une petite commune de Vendée (85), Le Tablier. Pierre son père (1854-1926) est cultivateur puis garde-champêtre. Marie Rose Texier, sa mére est née en 1860. Elle est cultivatrice. Henri vit avec ses parents au Champ-Saint-Père (85). En 1899, il a 18 ans et est menuisier.
8 décembre 1899 : Henri signe un engagement dans l'armée pour quatre ans. Il intègre le 4ème Régiment de Marine, comme Soldat de 2ème classe.
Henri, tu as 18 ans. Tu sais lire, écrire et compter. Tu as les cheveux châtains, les yeux gris. Tu mesures 1m56. Tu es menuisier. Tu apprends encore ton métier, mais déjà tu en maîtrises de nombreux gestes. Tes parents vivent toujours auprès de toi. Et pourtant, tu décides de partir, de quitter cette bourgade vendéenne qui t'a vu naître. Pierre, ton père, a passé quatre ans en Afrique, entre 1875 et 1879. Il t'a raconté ses campagnes, sa vie, les pays qu'il a découverts. Pour un enfant, un adolescent, ces pays, ces voyages devaient faire rêver. Et petit à petit, tu t'es trouvé à l'étroit. Alors, c'est décidé. Tu signes ton premier engagement militaire, et tu pars. Loin, vraiment très loin. A plus de 9000 km de chez toi
2 septembre 1900 au 18 novembre 1903 : Henri participe à la campagne du Tonkin.
Il rentre en France fin 1903, et est affecté dans la Réserve, dans l'Administration des Postes de Vendée, en qualité de facteur rural.
Le 11 juillet 1905, il épouse Marie Augustine Mallard, à Corpe (85).
Deux enfants naissent au Champ-Saint-Père : Georges, le 28 mars 1906, et Juliette Rosella, le 7 mai 1907. Georges décède le 20 août 1907.
Entre 1907 et 1926, plus rien. Et pour cause : Henri est reparti. Il signe un nouvel engagement dans l'armée, alors que Juliette Rosella n'a que 15 mois. Cette fois, direction l'Afrique, où les guerres coloniales battent leur plein.
1908. Tu es en France depuis 5 ans, Henri, en Vendée, dans ton village natal. Tu as maintenant 27 ans. Tu es marié, tu as deux enfants. Un métier sans trop de souci : facteur rural. Tu pourrais poursuivre ta vie sur cette lancée. Mais à nouveau, tu bouscules tout : tu repars. Que s'est-il passé ? La mort de Georges, ton fils ? Qu'est devenue Marie Augustine ? Avez-vous divorcé ? Je sais qu'elle est décédée entre 1907 et 1926. Mais à ce jour, je n'ai trouvé ni acte de divorce, ni acte de décès. Tu vas parcourir l'Afrique, tu vas monter en grade. Un long voyage qui ne prendra fin que dix ans plus tard, en 1919.
31 août 1908 : Henri signe un engagement pour deux ans, et est incorporé au 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale. Le 1er octobre 1909, il est promu Soldat de 1ère classe.
15 janvier 1910 : nouvel engagement pour un an. Le 1er janvier 1911, il est promu Caporal.
11 février 1912 : nouvel engagement, cette fois pour deux ans.
2 mai 1911 au 6 août 1912 : il participe à la campagne au Maroc. Henri est blessé au cours d'une opération :
"A été atteint d'une blessure par arme à feu à la partie interne de l'avant-bras gauche ... des parties molles pendant l'attaque de Fey par les tribus (28 mai 1912)
... de la Direction désigné pour rester au camp Becket et a demandé instamment à marcher avec sa compagnie partant en reconnaissance. A fait preuve de courage en attaquant l'ennemi sur une crête sous un feu intense et a abattu de sa main un adversaire.".
Henri obtient la Médaille militaire commémorative du Maroc : Chevalier de l'ordre du Ouissam Alaoüite.
Il passe par différents régiments : 2ème Régiment de Marche du Maroc, 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale ...
26 janvier 1913 au 22 août 1914 : il fait la campagne du Sénégal. Il est nommé Sergent le 16 décembre 1913.
17 décembre 1913 : nouvel engagement, cette fois pour cinq ans
La guerre de 1914-1918 éclate. Henri y participe, là où il est. Il prend part à la campagne du Maroc, puis à la campagne du Maroc occidental, contre l'Allemagne
Il est promu Sergent-Major le 16 décembre 1916, puis Adjudant le 16 décembre 1917.
Henri fait un bref passage en France, entre juillet 1918 et janvier 1919. Il est instructeur pour les troupes coloniales à Marseille, puis il repart.
7 janvier 1919 au 12 août 1919 : il est engagé dans la campagne d'Algérie.
Henri rentre en France le 11 août 1919. Il est "mis en congé de démobilisation" le 4 mars 1920, et se retire à Corpe.
Il obtient la Médaille Commémorative de la Grande Guerre.
Le 22 juin 1924 Juliette Henriette Petit naît à Corpe, fille d'Angélina Petit. Elle est reconnue par Henri Arseau, et prend le nom de Juliette Henriette Arseau. 1924 : nous voilà dans la "zone blanche" des archives départementales. Pas d'informations numérisées. Je ne sais pas si Henri et Angélina se sont mariés.
Je retrouve Henri et Angélina lors du mariage de leurs enfants, nés de leurs premiers mariages :
- 22 novembre 1926, mariage d'Auguste Berjonneau et Juliette Arseau, fille de Marie Augustine Mallard (décédée) et Henri Arseau. Henri est présent.
- 5 octobre 1929, mariage d'Alphonse Lambert et Odette Crépeau, fille d'Angélina et Louis Crépeau, premier époux d'Angélina, Mort pour la France en 1915.
- 3 mars 1930, mariage d'Yvonne Théau et Louis Crépeau, fils d'Angélina et Louis Crépeau
Pour ces deux mariages, Henri et Angélina sont cités. Ils vivent tous les deux à Clavette (17 - Charente-Maritime).
L'aventure militaire est terminée. Tu es revenu en France en 1919, et tu as repris ton métier de menuisier. Tu vis avec Angélina. Il reste des zones d'ombre sur la fin de ta vie, mais c'est une question de patience. Les informations seront trouvées.
Henri, tu as fait des guerres coloniales. Notre regard du XXIème siècle peut être sévère sur ces guerres. Mais toi, tu es parti là où on t'a envoyé. Tu as fait ton devoir. Tu es un officier "sorti du rang". Au départ Soldat de 2ème classe, tu as été promu jusqu'au grade d'Adjudant, ce qui n'est pas fréquent. Je peux imaginer le courage dont tu as fait preuve. Je peux aussi imaginer les récits que tu as fait à tes enfants, à tes petits-enfants. Une telle aventure ne peut pas laisser indifférent.
Henri Arseau est un arrière-grand-père maternel de Début-Branche Verdon.
Les événements de Fez, au cours desquels Henri Arseau a été blessé, et qui lui vaudra l'attribution de la Médaille militaire commémorative du Maroc : Chevalier de l'ordre du Ouissam Alaoüite.
(voir les pages 138 et 140)
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