Tous les textes de cette couleur contiennent un lien vers une autre page, interne ou externe.
Pour y accéder, il suffit de cliquer sur le texte.
Début juin, la numérotation des chaînes de télé a été modifiée. Des souvenirs sont remontés.
L'arrivée de la télévision dans ma famille.
Nous sommes en 1958. Un gros meuble épais, avec un petit écran fait son apparition dans notre cuisine. On ne parlait pas alors de salon. Mon père a pris la direction des opérations. Il l'installe, règle l'antenne (pas toujours simple). C'est le seul qui a le droit d'y toucher.
Nous, les gamines, regardons cet objet avec intérêt, et un peu d'inquiétude. Mais jamais, au grand jamais nous ne vous aviserions d'y toucher. Notre mère elle-même prend du recul pour observer l'objet.
Je pense que mes parents s'étaient endettés pour acheter ce poste de télévision.
Mon père a installé son fauteuil devant, bien face à l'écran.
L'image est en noir et blanc. Et elle s'anime ! Et il y a du son !
Et j'y vois des choses incroyables. Un ou deux ans avant, l'électrophone de ma sœur aînée avait été pour moi une découverte, une ouverture vers le monde musical du "dehors".
La télévision, c'est la même émotion, mais décuplée : le monde entre dans notre maison. Nous voyons des choses étonnantes. Des images que je ne pouvais pas imaginer. Nous ne vivions pas en vase clos, mais la télé a fait réellement entrer "le monde" dans notre vie. C'était bien mieux que la radio.
Si je peux préciser la date - 1958 -, c'est parce que j'ai un souvenir précis : La catastrophe de Fréjus, qui a eu lieu en 1959, après la rupture du barrage de Malpasset.. Je me souviens de ma mère, les larmes aux yeux, regardant les images, et répétant "Pauvres gens, pauvres gens...".
Le journal de 20 heures est devenu un rituel immuable. Nous, les enfants, n'avions pas le droit de regarder les émissions du soir. Mais il y avait le film du dimanche après-midi. Nous pouvions le regarder. Nous n'allions pas au cinéma. Le cinéma venait à nous.
Je ne sais pas quels mots utiliser pour le faire ressentir, mais j'ai vraiment vécu ce moment comme une ouverture extraordinaire sur la vie, celle qui existait au-delà de ma petite existence un peu morne.
Mon père, qui toute sa vie s'est couché à 20h30, ne dérogeait à cette règle que pour une émission : "La piste aux étoiles". Le mercredi soir, ce fut un nouveau rituel : pas d'école le jeudi, alors nous avions le droit de la regarder. Ces soirées avec mon père font partie de mes plus beaux souvenirs d'enfance.
Un autre moment très fort : la diffusion des "Perses", en 1961. C'était incroyable. Comme si j'étais transportée sur une autre planète. Gamine dans une famille d'ouvriers, c'était... époustouflant.
Les discours de De Gaulle, avec toutes ses mimiques, avec son emphase.... De Gaulle était pour moi un vieux monsieur, un personnage mythique que je ne connaissais que par ses photos. Et il était face à moi. Il s'adressait "aux français et aux françaises", répondait aux journalistes. Un peu comme s'il me parlait à moi seule.
"Cinq colonnes à la une" : je ne regardais pas tout (école le lendemain), mais là encore, c'était découverte sur découverte. Le générique me faisait un peu peur, il annonçait des sujets qui étaient toujours sérieux, voire graves.
Un dernier souvenir marquant : la nuit du 21 juillet 1969. Notre père avait mis son réveil, et est venu nous chercher, en pleine nuit. Nous avons pu assister à la retransmission de la première marche sur la Lune.
Et pendant longtemps, le 1er mai, nous faisions grise mise, car les émissions ne commençaient qu'à 20 heures !
En 1958, la télévision est arrivée chez moi, et m'a ouvert les portes du monde.
Tout sur ce blog, en cliquant sur ce texte
Vous pouvez aussi retrouver mes articles sur ma page Facebook, qui fonctionne comme un site "miroir" de ce blog (page en accès libre).
Si vous souhaitez partager vos propres réalisations : textes, vidéos, graphismes, BD, podcasts, livres photos et autres... vous pouvez les partager sur le groupe Facebook que j'ai créé à cet effet. Sur ce groupe, vous pouvez aussi lire des articles d'autres auteurs. Il s'agit d'un groupe privé, il faut donc s'y abonner. Vous pouvez toujours - abonné(e) ou pas - prendre connaissance des objectifs de ce groupe en lisant le texte de présentation.