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Filiation - 2 - Baptême

Jusqu'à la mise en place du Code Civil, en 1804, c'est le Droit Canon qui s'appliquait pour les naissances, à travers le baptême. La tenue de l'Etat civil par les "Officiers d'Etat civil" laïcs va bousculer les pratiques entre début 1793 et 1804. Mais c'est vraiment la mise en application du Code civil qui en transformera les règles.

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La déclaration de grossesse

Afin d'éviter avortements et accouchements clandestins, un édit d'Henri II de février 1556 contre le "recelé de grossesse et d'accouchements" obligeait les filles non mariées et les veuves, à déclarer leur grossesse sous peine de mort.

Par manque de précision dans l'édit, les déclarations ne se firent pas partout de la même façon, devant un commissaire au châtelet pour Paris, devant un greffier, un juge ou un curé dans les provinces. 

Les femmes enceintes étaient reçues sans frais et n'avait pas l'obligation de nommer l'auteur de leur état. Si elles le faisaient, mention en était portée dans l'acte.

Les déclarations de grossesse peuvent comporter des indications filiatives. Pour le XIXème siècle, on peut en trouver dans les archives, en particulier dans celle de la justice de Paix, bien que l'édit de 1556 soit depuis longtemps tombé en désuétude.

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L'indication du sexe de l’enfant

Avant 1804, le sexe de l’enfant était déterminé par les personnes ayant assisté à l’accouchement.

A partir de 1804 (chapitre II, article 55 du Code civil), les enfants devaient être présentés en mairie : "Les déclarations de naissance seront faites, dans les trois jours de l’accouchement, à l’officier de l’état civil du lieu : l’enfant lui sera présenté." L’officier d’Etat civil devait alors s’assurer du sexe de l’enfant en le démaillotant ! Cette obligation a été abrogée par un texte de 1919.

Avant ou après 1804, il pouvait y avoir des ambiguïtés qui amenaient des « erreurs ». Comme aujourd’hui, les personnes qui souhaitaient changer leur état civil devaient se soumettre à un parcours plein d’embûches.

La première fois qu’on trouve un acte de baptême ainsi rédigé : "Aujourd’hui a été baptisé un enfant femelle fille de ...", on sursaute ! En fait "femelle" est utilisé comme "mâle" : "Aujourd’hui a été baptisé un enfant mâle fils de ... ". L’emploi des adjectifs "femelle" et "mâle", se poursuit après la Révolution, peu à peu remplacé par les expressions "de sexe féminin" et "de sexe masculin".

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Faire avouer le nom du père

Dans l’Ancien Régime, la naissance d’un enfant illégitime est toujours source de difficultés pour la société. Cela le sera toujours après la Révolution, mais il y aura moins de pression "officielle" sur la mère pour lui faire avouer le nom du père.

Faire avouer ! Quel meilleur moment que celui de l’accouchement ? Les sages-femmes (dont le rôle ne se limitait pas cela) avaient comme mission de faire avouer le nom du père au moment de l’accouchement. Le nom révélé par la mère à ce moment précis était souvent la réalité. Aujourd’hui, nous pouvons dire "A ce moment-là, j’étais prête à avouer que le père était le Roi d’Angleterre ou le Pape ...". Mais ... l’accouchement était le moment de tous les dangers. La future mère savait qu’elle et son enfant pouvaient mourir. Mentir juste avant de mourir équivalait à se condamner, à se voir interdire l’entrée au Paradis. La mère pouvait se taire, et beaucoup le feront, mais si elles donnaient un nom "dans les douleurs de l’enfantement", c’était vraisemblablement le bon.

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La place de la mère dans le baptême

La mère n’est jamais présente au baptême. Non pas parce qu’on voulait lui laisser un temps de repos. Mais parce qu’elle était impure, et ne pouvait pas pénétrer dans une église avant une cérémonie particulière.

La mère se rendait avec le bébé plus tard à l’église pour une messe de relevailles (ou amessement, ou remessiages) en principe le quarantième jour - rappelant l’offrande de l’enfant Jésus au temple par sa mère Marie-. On trouve des variantes selon les régions.

Le curé accueille l’accouchée au seuil de l’église et procède à une bénédiction de purification. Mais cette cérémonie peut aussi se placer à la fin de la messe et la jeune mère s’approche de l’autel pour cette bénédiction. L’assemblée est féminine, les filles-mères pécheresses qui avaient fauté en étaient exclues. Avant cette cérémonie la femme est réputée impure pour son mari, elle ne peut également accomplir certains actes de la vie courante, les interdits varient : faire le pain ou le trancher, chercher l’eau… On retrouve là de très anciens rites.

Avant le milieu du XVIIème, il n’est pas rare trouver des actes de baptême où l’identité de la mère n’est pas notée. "Aujourd’hui a été baptisé Pierre, fils de Pierre Dubois ; parrain : ...". Il faut alors trouver d’autres actes : baptêmes des frères et sœurs, mariage des parents, décès de la mère, mariage de la personne elle-même, pour espérer retrouver le nom de la mère.

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L’acte de baptême

A l’origine, le baptême n’est pas fait pour constater une naissance. Le baptême est le sacrement de la naissance à la vie chrétienne. Le baptême est un sacrement chrétien, et la cérémonie du baptême est très codifiée.

L’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539)** impose aux curés de tenir des registres de baptêmes, rédigés en français.  Le début de la Réforme menée par Martin Luther, en 1517, n’est sans doute pas étrangère à cette décision.

Quoi qu’il en soit, pour nous généalogistes ces registres sont des trésors.

La structure des actes de baptêmes

Obligatoire Aléatoire
L'enfant
Date du baptême  
Lieu du baptême  
Nom et prénom  
Son sexe  
Son père
Nom et prénom  
  Age
  Profession
Lieu de résidence  
Sa mère
  Nom et Prénom
  Age
  Profession
  Lieu de Résidence
Le couple de parents : mariés ou non
Les parrain et marraine
Nom, prénom  
  Age
  Profession
  Lieu de Résidence
  Lien de parenté avec l'enfant

La présence de ces différentes informations est très variable. Plus on remonte dans le temps, plus on observe des pratiques différentes. De même lorsqu’on passe d’une région à une autre région. La personnalité du curé entre aussi en compte, ainsi que son écriture. Et l’état de conservation des registres. Sans oublier la façon dont les registres ont été reliés puis numérisés.

Si on prend en considération l’ensemble de ces facteurs, on peut considérer qu’en France nous avons beaucoup de chances d’avoir ces registres, de plus mis à disposition gratuitement.

Le français s’est peu à peu imposé, de façon variable selon les régions. Mais à partir de 1700, en global, les actes sont en français, sauf dans les régions qui à cette époque n’appartenaient pas au Royaume de France : Alsace et Lorraine par exemple.

** L'ordonnance de Villers-Cotterêts comporte 192 articles, mais ceux qui sont passés à la postérité concernent essentiellement ceux qui nous intéressent : l'obligation de tenir un registre des baptêmes et l'utilisation du français dans les actes. Il faut noter que cet élément - utilisation du français dans les actes administratifs - est la plus ancienne origine d'un élément de notre constitution actuelle, qui précise que le français est la langue officielle de la France. L'ordonnance de Blois en 1579, ajoute l'obligation de tenir des registres des mariages et des sépultures.

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Le baptême

Date de naissance ou date de baptême ?

Souvent, la date de naissance n’est pas indiquée. On ne peut donc se référer qu’à la date de baptême. Mais le baptême avait lieu très rapidement après la naissance, et souvent le jour même de la naissance. De plus, si le baptême n’était pas célébré le jour de la naissance, souvent le curé l’indiquait : "né d’hier", ou "né il y a 3 jours ...".

Dans le doute, je considère que la date du baptême est la date de naissance de l’enfant.

Déterminer la date du baptême

Il est parfois plus compliqué de trouver la date du baptême, de nombreux actes indiquant : "le même jour audit mois audit an", "le vingt au mois susdit"... Il faut donc, après avoir trouvé l’acte de baptême, remonter les actes de façon à trouver quels sont le "susdit mois" et "ladite année".

Trouver le lieu du baptême

Le baptême est obligatoirement célébré sur le lieu de naissance. La naissance a souvent lieu sur le lieu de résidence des parents. Il faut donc chercher dans la paroisse où a lieu le mariage, puis dans la paroisse où vivait le père avant son mariage, et enfin dans la paroisse où vivait la mère avant son mariage. Pour la première naissance, il n’est pas rare que la future mère retourne chez ses parents à ce moment. Mais, comme aujourd’hui, une naissance avait lieu là où la mère se trouvait, même si ce n’était pas son lieu de résidence habituel.

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Les tables

La récapitulation des actes regroupés en Tables est rendue obligatoire en 1792, sous le nom de Tables Décennales : TD. Dans les faits, beaucoup de TD ne démarrent qu’en 1802.

Mais on peut trouver des Tables bien avant cette date. Il est dommage qu’elles ne soient pas clairement répertoriées dans les AD numérisées, et souvent on "tombe" dessus par hasard. La particularité de ces tables concerne le classement des actes. Ils ne sont pas classés par ordre chronologique, mais par ordre alphabétique, et souvent par ordre alphabétique du prénom. Ainsi le baptême d’Anne Warrant sera classé à la lettre A, et non la lettre W.

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Le baptême des enfants illégitimes

S’il est frustrant de constater qu’on ne peut pas remonter toute une branche (faute d'indication du père), souvent on trouve dans un acte de baptême l’indication des parents de la mère, ce qui n’existe pas dans les actes de baptême des enfants légitimes. Souvent mais pas toujours. Si la mère est restée dans son village, l’indication des parents peut exister. Mais si la mère est partie "à la ville" pour cacher sa grossesse et la naissance de son enfant, on ne trouvera rien de plus que ses noms et prénoms. Si cette mère ne se marie jamais... ce sont de grandes heures de recherches qui s’annoncent.

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Les parrain et marraine

Plus on va remonter dans le temps, plus l’indication des parrains et marraines va se révéler intéressante. 

Qui peut être parrain/marraine ?

"Les conférences d'Angers d'octobre 1703 disent que si l'enfant est un garçon, peut importe l'âge de la marraine, pourvu que le parrein ait 14 ans, et si c'est une fille, peut importe l'âge du parrein si la marraine a 14 ans ou même 12 (âge de la puberté) .... La condition essentielle est de savoir par cœur l'oraison dominicale et le credo. (extrait Conférence de 1716, Imprimée en 1740)".

Le père et la mère de l’enfant ne peuvent pas être parrain ou marraine de leur enfant. Dans la religion catholique. Car chez les Protestants, c'est possible.

Le parrain et la marraine peuvent être "représentés" s’ils ne peuvent être présents. Cette représentation est indiquée dans l’acte de baptême.

Si le parrain ou la marraine n’a pas l’âge voulu, il est représenté par un de ses parents. Cette représentation est aussi indiquée dans l’acte de baptême. Ce "représentant" est nommé, dans certaines régions, le "lieutenant" = tenant lieu de... Au XVIème siècle, il n’est pas rare de trouver deux parrains pour un même garçon, et deux marraines pour une fille.

Le choix du parrain et de la marraine

Il existe des règles de "bienséance" :

  • Les grands-parents de l'enfant
  • Les oncles et tantes de l'enfant
  • Les frères et sœurs de l'enfant

C’est possible ; personnellement, je n’ai jamais pu réellement confirmer ce type de pratique. Il est vrai que les suites d’homonymes n’aident pas à départager les "Pierre Martin" lorsque les liens de parentés ne sont pas clairement notés.

Les devoirs du parrain et de la marraine

Les parrain et marraine contractent envers le baptisé et le baptiseur une Parenté spirituelle, empêchement au mariage [entre filleul(e) et parrain & marraine]. 

Leur filleul leur est désormais confié ; à eux de veiller à ce qu'il soit fidèle aux promesses de son baptême : c'est là une obligation du parrainage. (Canon. 762-69).

Le choix du prénom

Souvent (mais pas toujours), un garçon prend le prénom de son parrain, et une fille le prénom de sa marraine.

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L’ondoiement

A notre époque on ne peut imaginer à quel point la mort d’un enfant mort-né ou décédé avant qu’il soit baptisé, emplissait les gens de frayeur et de chagrin. En cas de nécessité pressante, principalement en cas de danger de mort du nouveau-né, toute personne peut et doit baptiser. L’enfant est alors ondoyé. Les sages-femmes pratiquent souvent ces ondoiements. Cependant le père et la mère ne doivent le faire qu'autant qu'il ne se trouverait aucune autre personne capable. 

Si l’enfant décède, il est considéré comme baptisé, et peut être enterré en terre chrétienne.

S’il vit, le baptême a lieu. Le curé précise alors qu’il a "suppléé aux cérémonies du baptême".

L'importance du baptême est telle que dans certains cas, il y a recours à des "subterfuges" pour que l'enfant soit déclaré vivant et ondoyé. Il suffit pour cela de "voir" un signe de vie. On peut ainsi prendre le corps de l'enfant, l'exposer à une température plus froide. Une réaction physique a lieu : l'enfant est déclaré vivant et ondoyé.

Un exemple, relevé par @benraulin, un intervenant sur un forum de Geneanet. Retrouver l'acte dans le registre (1er acte, page gauche).

Filiation - 2 - Baptême

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Les césariennes post-mortem

La mère décède lors de l’accouchement, mais l’enfant n’est pas "sorti" de son sein. La sage-femme va alors procéder à une césarienne, dont l’objectif est d’ondoyer l’enfant.

Cette pratique peut sembler "barbare", mais il faut la replacer dans son contexte. Sans baptême, l’enfant était condamné à errer dans les Limbes pour l’éternité, un espace entre le Paradis et l’Enfer. Il n'allait pas en Enfer, mais il ne pouvait pas entrer au Paradis. Il restait dans un état intermédiaire et flou. La doctrine des Limbes a été supprimée par l'Eglise catholique en avril 2007.

Un exemple daté du 8 septembre 1780, à Saint-Lamain (39, Jura). Retrouver l'acte dans le registre, dernier acte page gauche).

Filiation - 2 - Baptême
Prouver Voir   3 décembre 2021
Baptême - 10 décembre 2021
Naissance Voir 17 décembre 2021
Pour conclure Voir 24 décembre 2021
Drôles d'actes Voir 31 décembre 2021

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