Nourrir la luciole

J'étais en voiture, j'écoutais la radio, et j'ai entendu cette expression : "Il faut nourrir la luciole".

L'émission parlait de projet et de procrastination - cet art que je connais bien : la capacité de toujours remettre au lendemain ce qui pourrait être fait le jour même. Un participant a comparé le projet à une luciole, et insisté sur le fait qu'il faut "nourrir la luciole", c'est à dire ne pas renoncer à un projet, mais au  contraire le faire vivre.

Comme je suis un peu monomaniaque, mon esprit a dérivé rapidement vers mon projet "Raconter ma généalogie".

L'idée de luciole me plaît bien. Cette petite lumière, dont on ne sait pas trop d'où elle provient, qui va et vient, qui bouge, qui est vivante. Cette luciole qu'on doute d'arriver un jour à l'apprivoiser, à la voir grandir et se transformer en vraie lumière. Sans doute pas une lumière pour éclairer le monde, mais une lumière pour éclairer la vie de ceux dont je veux parler : mes ancêtres. Pour éclairer ma vie et celle de mes proches.

Il faut nourrir la luciole pour qu'elle devienne réalité. Pour certains, la voie est tracée : ce sera un livre écrit, un livre photos, une vidéo... Pour d'autres, la luciole sera nourrie par petites bouchées, trouvées au hasard d'un acte, d'un événement... Ces petites bouchées seront un texte, un dessin, un assemblage de photos, une infographie, une frise, une vidéo... Il peut arriver que le "nourrissage" s'interrompe un temps - la vie n'est pas toujours simple. Et reprenne un peu plus tard.

Peu importe. Ce qui importe c'est que chaque bouchée donnée apporte du plaisir à celui qui la crée, et permette à la luciole de vivre, de grandir.