Ce jour-là, Robert et Marie...
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Je suis partie confiante. Je m'approchais de Robert Isaac et Marie Platel, qui se sont mariés le 4 février 1651, il y a 371 ans, à Saint-Symphorien (27, Eure).
Et est arrivé le grain de sable. Dans la même paroisse, le 9 juillet 1655, se sont mariés... Robert Isaac et Marie Platel ! Oups !
Il m'arrive de me plaindre de ne pas trouver un acte de mariage. Mais en trouver deux pour le même couple, ce n'est pas mieux !
Le premier acte, en date du 4 février 1651 (1er acte page droite), est basique : date, nom des mariés, et rien d'autre.
Le second acte, daté du 9 juillet 1655 (3ème acte page gauche), bien que toujours non filiatif, est plus explicite :
Le mariage a donné lieu à une dispense accordée par la "Cour de Rome". L'objet de la dispense n'est pas indiqué. A partir de là, deux hypothèses apparaissent pour le mariage de 1655 :
Je suis restée la dernière hypothèse : Robert Isaac a épousé Marie Platel-1 en 1651, et Marie Platel-2 en 1655.
Les deux premiers enfants que j'ai retrouvés, Richard et Catherine, sont les enfants de Marie Platel-1 et le dernier fils, Robert, est le fils de Marie Platel-2.
Peut-être... ou peut-être pas... Une énigme qui ne sera sans doute jamais résolue.
Robert et Marie sont nos Sosa 2266 et 2267. Catherine est notre Sosa 1133.
Saint-Symphorien est un petit village tranquille de l'Eure (27), en Normandie. Un peu à l'écart de tout, un peu oublié.
Mais il possède un if séculaire. J'aime l'idée que Robert, Marie (s) et leurs enfants l'ont peut-être connu.
La Normandie est rattachée depuis plusieurs siècles au Royaume de France. C'est une province calme.
Pourtant, derrière ce calme apparent règne le mécontentement qui va parfois jusqu'au soulèvement. Ce ne sont pas les seigneurs locaux qui s'attirent la colère du peuple, mais les représentants du Roi qui collectent l'impôt.
Dans les années 1630, les paysans normands connaissent des conditions de vie très difficiles, notamment à cause de la peste et de sécheresses fréquentes. Louis XIII, qui est en guerre à travers l’Europe, cherche à accroître les revenus du royaume, et augmente la pression fiscale. En 1639, les Normands apprennent qu’ils vont désormais devoir payer la gabelle, impôt sur le sel dont ils étaient jusque-là dispensés. Des soulèvements sont déclenchés par des travailleurs modestes, surnommés les Va Nu‑pieds. Les troubles gagnent progressivement toute la région.
La révolte est d'abord passive. Certaines paroisses refusent de recenser leurs habitants, d'autres refusent de nommer des collecteurs d'impôt.
Les seigneurs locaux s'offusquent de la volonté du pouvoir royal de bafouer leur droit à établir et lever un impôt local. L'aristocratie tente tout pour conserver son pouvoir local, et refuser le pouvoir royal.
"Le colonel Gassion fut commandé de prendre les meilleures troupes de l’armée de Picardie, et s’avancer pour dissiper ces factions, châtier leurs auteurs et remettre au devoir les villes qui fomenteraient la rébellion. [...] [À Avranches] Quatre de leurs principaux chefs se trouvèrent au nombre des morts, lesquels étaient de trois cents et plus, celui des prisonniers un peu moindre, les autres cherchèrent à se sauver par la fuite ; mais étant tombés entre les mains du sieur de Tourville qui était de l’autre côté d’Avranches avec soixante chevaux, il les chargea si vivement qu’après en avoir tué plus de la moitié, il contraignit le reste à se jeter dans l’eau ou plusieurs furent noyés. [...]
Si tôt que le combat donné aux portes d’Avranches fut terminé par la mort ou la prise des principaux auteurs de la sédition, le colonel Gassion désarma les habitants d’Avranches, et fit marcher ses troupes vers Rouen comme à la seule ville qu’il fallait avoir pour remettre en devoir toutes les autres de la province."
Le Mercure Français, tome XXIII, 1639.
En 1639, plusieurs chansons comme celle-ci circulent en Normandie.
À la Normandie.
Mon cher pays, tu n’en peux plus ;
Que t’a servi d’être fidèle ?
Pour tant de services rendus,
On te veut bailler la gabelle.
Est-ce le loyer attendu
Pour avoir si bien défendu
La Couronne des Rois de France ?
[...]
Jean Nu-pieds est votre suppôt,
Il vengera votre querelle,
Vous affranchissant des impôts,
Il fera lever la gabelle,
Et nous ôtera tous ces gens
Qui s’enrichissent aux dépens
De vos biens et de la patrie.
C’est lui que Dieu a envoyé
Pour mettre en Normandie
Une parfaite liberté.
Jean Nu-pieds : peut-être le surnom d'un chef de la révolte, ou un nom générique pour plusieurs personnes.
Voir le site d'où le texte provient
Robert et Marie ont-ils connu cette révolte ? Ils vivaient assez loin des principaux foyers de soulèvement. Mais ils en ont certainement eu les échos. Les nouvelles circulaient bien plus que ce qu'on peut penser aujourd'hui, et Rouen a toujours été une ville importante pour les normands.
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