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Saint-Benoît d'Hébertot (3) : la longue marche vers le bureau postal (1898-1910)

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Cet article s'appuye en intégralité sur les délibérations des Conseils Municipaux successifs de Saint-Benoît d'Hébertot, entre 1898 et 1910. Il est paru dans "Le P'tit Saint-Benoît" de juin 2003.

1 - La demande initiale

La première délibération concernant la distribution du courrier est prise le 20 février 1898. Le Conseil Municipal expose longuement, et de façon très précise, les motifs de sa demande. Pour bien comprendre les motivations de cette époque, il faut garder en mémoire que le courrier était la seule façon de communiquer à distance, d'où l'importance donnée aux délais du temps de réponse à une lettre.



Le ton est courtois, voire déférent. De plus, la demande ne porte pas sur le souhait de créer un bureau postal à Saint-Benoît, mais sur la nécessité d'améliorer le service du courrier.

Sans doute, à cette date, les Conseillers n'imaginaient pas qu'ils s'engageaient dans une « bataille » qui allait durer … 12 ans !

 

Le 20 février 1898 : Le conseil municipal expose que les habitants de la commune se plaignent de la réception tardive de leur correspondance journalière, réception tardive occasionnée, non par le mauvais service du facteur, mais par la longue distance qui sépare la commune du bureau de Pont-L'Evêque qui la dessert.

En effet le facteur, avant de gagner Saint-Benoît, distant de 11 kilomètres de Pont-L'Evêque, environ, dessert les deux communes très accidentées de Surville et du Vieux Bourg, et par suite commence la tournée très tard dans Saint-Benoît. Certains jours, notamment, le courrier plus chargé n'est arrivé, dans certaines maisons qu'entre trois et quatre heures du soir ; mais pour la moyenne, on ne reçoit son courrier, dans les points extrêmes de la commune que d'une heure à deux heures après-midi.

Ainsi donc, pour citer un exemple d'une réponse à faire par la Poste à Pont-L'Evêque, en admettant qu'on ne se serve que de la boîte installée dans la commune, certains habitants qui ne reçoivent leurs lettres que vers deux heures après-midi, et qui se trouvent à 3 kilomètres de cette boîte, ne peuvent répondre le jour même ou du moins, leur réponse ne partira que le lendemain, le facteur faisant la seconde levée immédiatement après la distribution de ces lettres aux points extrêmes de la commune ; il y aura ainsi 41 heures d'écoulées entre la réception de la lettre et la distribution de la réponse le lendemain à Pont-L'Evêque, vers 7h1/2 du matin.

C'est un peu long, et si l'on veut que la réponse parvienne le lendemain du jour où on la reçoit, on est obligé de la porter à la gare de Quetteville, distante de 5 kilomètres du centre de Saint-Benoît, ce qui est fort désagréable et cependant forcé de le faire, souvent surtout lorsqu'il s'agit de traiter une affaire pour un commerce quelconque.

Si au contraire, on recevait son courrier comme dans la majeure partie des communes, entre huit et 10 heures du matin, on pourrait, en portant également la lettre au train (1) qui part de Quetteville vers 11h1/2 du matin, répondre dans la journée même.

En conséquence, le Conseil prie l'Administration Supérieure de bien vouloir remédier à cet état de choses, soit en créant un bureau de poste à Quetteville, qui lui-même, bien qu'ayant une gare est desservi par Beuzeville (Eure), soit en donnant à Saint-Benoît un facteur spécial qui prendrait le courrier de la commune, soit à Pont-L'Evêque, soit à Quetteville et qui n'aurait pas d'autres communes à desservir sur son parcours. 

(1) Un mot non déchiffré.
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2 - De la ténacité du Conseil Municipal

Pendant trois années, on ne retrouve aucune délibération concernant cette question.

Le 24 novembre 1901, le Conseil Municipal rappelle sa délibération du 20 février 1898, et constate que "le service postal depuis cette époque n'a subi aucun changement".

Il souligne un fait nouveau : Saint-André d'Hébertot vient d'être doté d'une halte ferroviaire. Constatant que 3 communes voisines – Saint-André d'Hébertot, Saint-Benoît d'Hébertot et Les Authieux-sur-Calonne - se situent à 11 kilomètres de Pont-L'Evêque, le Conseil demande la création d'un bureau postal dans une des trois communes.


Le 16 novembre 1902, le Conseil Municipal réitère sa demande ; il précise que la Commune "s'engage à participer pécuniairement à l'établissement d'un bureau postal".

 

Le 27 janvier 1907, soit presque 9 ans après la première délibération, le Conseil Municipal prend une délibération, rappelant que sa demande du 16 novembre 1902 est restée sans réponse. A nouveaux les motifs sont exposés, les distances à nouveaux calculées et les délais soulignés ; la conclusion du Conseil est que :

"l 'Administration pourrait utiliser cette perte de temps et faciliter le service.

En créant à Saint-Benôit d'Hébertot un bureau de Postes et Télégraphes desservi par la halte de Saint-André d'Hébertot distante de 1500 m environ et dont le service serait assuré par un facteur-receveur et un facteur rural représentant à eux deux les 38 kilomètres sus désignés parcourus sans utilité, sans frais supplémentaires pour l'Administration.

De plus le facteur pourrait desservir la commune de Saint-André d'Hébertot, ce qui permettrait à l'Administration un remaniement plus avantageux des tournées des ruraux du bureau de Pont-L'Evêque et desservant cette région.

Le Conseil après en avoir délibéré, et à l'unanimité, considérant
1° que la présence de la halte de Saint-André d'Hébertot permet la création d'un bureau postal et de plus télégraphique (la commune étant déjà traversée par une voie téléphonique) qui serait de toute nécessité ; la commune possédant de nombreux commerçants

2° le bien fondé de l'exposé de M. le Maire

Est d'avis de solliciter l'Administration des Postes et Télégraphes le création d'un bureau à Saint-Benoît d'Hébertot, s'engageant à participer pécuniairement à l'établissement de ce bureau, et pouvant disposer d'un local très convenable. »

On sent poindre le mécontentement. A noter l'engagement fort de la commune à participer financièrement à la création du bureau postal.

Le 5 mai 1907 le Conseil Municipal, "considérant que le service postal est toujours défectueux" souhaite que l'on donne suite à ses demandes, particulièrement "la création d'un facteur-receveur de l'Etat".

Une nouvelle délibération sera prise dans le même sens le 4 août 1907.


Le 17 novembre 1907, le Conseil "espère que l'enquête menée par l'Administration près des communes voisines n'a pu que hâter la solution de cette question.
Et qu'il est en droit de compter sur toute la bienveillance de Monsieur le Préfet pour hâter la solution de cette question.
Un local très confortable pourrait être mis à la disposition de l'Administration des Postes.
"

Le 21 mai 1908, le 15 novembre 1908, le 24 janvier 1909, de nouvelles délibérations sont prises, pratiquement toujours dans les mêmes termes.

Note : Les mots soulignés dans ce texte le sont également dans le registre des délibérations.

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3 - Coup de tonnerre !!!

 

 

Le 21 novembre 1909, le Conseil Municipal répond à une demande du Préfet. Le temps n'est plus à la courtoisie.

La demande est hardie, et la réponse vigoureuse, ne s'encombrant pas de diplomatie !

"Monsieur le Président soumet au Conseil Municipal une lettre de M. Le Directeur des Postes à Caen, par l'intermédiaire de M. le Préfet, l'invitant à donner son avis sur la création éventuelle d'un bureau postal à Saint-André d'Hébertot.

 

 

 

Le Conseil après en avoir délibéré
Considérant

1° que la Commune de Saint-André d'Hébertot est desservie par 2 facteurs ruraux attachés au bureau de Pont-L'Evêque

2° que la distribution du courrier commence au plus tard dans cette commune à 7h1/2

3° que la dite commune de Saint-André d'Hébertot possède à la halte des chemins de fer de l'Etat 6 levées de boîte chaque jour

6° que cette commune n'est pas au centre de la région moins favorisée comme distribution postale dont il a été question dans les délibérations antérieures du Conseil Municipal de Saint-Benoît d'Hébertot et qu'elle ne possède que très peu de commerçants sans importance

7° que la création d'un bureau postal serait plus rationnel à Saint-Benoît d'Hébertot, notre commune étant bien au centre de la région dont il est question plus haut et possédant de nombreux commerçants qui étendent leur commerce jusque dans la commune de Saint-André d'Hébertot alors que notre courrier n'est distribué qu'entre midi1/2 et 4 heures du soir

 

 

Refuse tout avis favorable à la création d'un bureau postal à Saint-André d'Hébertot et demande à Monsieur le Préfet d'appeler l'attention des administrations compétentes sur la création d'un bureau postal avec facteur-receveur de l'Etat à Saint-Benoît, bureau déjà demandé par de nombreuses délibérations depuis 1902."


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4 - Et, enfin, la victoire

 

 

Le 23 janvier 1910, le Conseil Municipal étant réuni en séance extraordinaire, Monsieur le Président fait part à l'assemblée de l'arrêté ministériel en date du 10 janvier ainsi conçu :

 

 

"Article 1er : Est autorisée la création d'un établissement de facteur-receveur dans la commune de Saint-Benoît d'Hébertot sous les conditions déterminées dans l'article 2

Article 2 : Dans le cas où le prix de location de l'immeuble à affecter au fonctionnement du service et au logement du titulaire dépasserait le prix de 200 fr par an la commune désignée devra s'engager à payer l'excédent."

 

Il fait d'autre part savoir au Conseil que M. L'Inspecteur des Postes ayant visité l'immeuble appartenant à M. Flambard, épicier, demeurant en cette commune et l'ayant trouvé en mesure de satisfaire aux exigences de l'Administration pour l'installation du service postal, des pourparlers ont été engagés avec M. Flambard, propriétaire de l'immeuble qui consent à le céder moyennant un loyer annuel de 200 fr. en y assurant les installations nécessaires au fonctionnement du service.

 

 

Et voilà une bataille rudement menée, et gagnée !

Mais aussitôt, le jour même où le Conseil Municipal entérine la création du bureau postal, pour lequel il s'est battu depuis 12 ans, la commune s'engage dans un nouveau défi : adjoindre au bureau postal un bureau télégraphique et un service téléphonique !

Mais ceci est une autre histoire...

Le bureau postal

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Saint-Benoit d'Hébertot, en Pays d'Auge  Voir
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Le Bureau Postal -
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