6 juin 1944 - 6 juin 2024

Je dédie ce texte à nos petits-enfants.

C'était il y a 80 ans, le 6 juin 1944.

Sur les plages de Normandie débarquaient des milliers de jeunes hommes, des milliers de soldats. Très peu connaissaient la France. Beaucoup auraient eu des difficultés à situer notre pays sur une planisphère. 

Mais ils étaient là. Beaucoup sont morts. Beaucoup ont traversé une partie de l'Europe, ont souffert pendant des mois pour arriver à accomplir ce qu'on appelle aujourd'hui "La Libération".

J'ai longtemps habité en Normandie. J'ai vu passer les cortèges officiels. J'ai même un peu râlé parce que ces cérémonies perturbaient mon train-train quotidien.

C'était il y a 80 ans, et...

Je me disais qu'il fallait peut-être un peu oublier, ne plus célébrer. Garder en mémoire, oui, mais pourquoi "ressasser" cette histoire ?

Aujourd'hui, je regarde le monde qui a tellement changé depuis quelques années. Et l'urgence de rappeler "cette histoire" me saute à la tête. Rappeler, expliquer, ne jamais oublier pourquoi tout cela a eu lieu.

Rappeler, expliquer, sans pontifier, sans lasser. 

Faire vivre l'Histoire, faire vivre leurs histoires. 

J'ai écrit de nombreux articles sur ces hommes et ces femmes qui se sont battus pendant la Seconde Guerre Mondiale. Dans mon arbre, il y a des héros. Dans mon arbre, il y a des hommes et des femmes qui ont fait de leur mieux...

	Jacques Bruneau	Soldat, Mort pour la France
	Georges Cessat	Résistant, Mort en déportation, Mort pour la France
	Madeleine Fournier	Résistante
	Louis Blouet	Résistant
	Héléna Rogron	Résistante
	Arsène Fournier	Prisonnier de guerre
	Georges Perrier	Prisonnier de Guerre
	Victor Perrier	Prisonnier de Guerre
	André Bouchaud	Soldat
	Paul Sannier	Déporté au titre du STO
	Robert Hubert	Mort pour la France. Le train qu'il conduisait a été bombardé.
	De nombreux cousins Alsaciens	Incorporés de force dans l'armée allemande : les Malgré-nous
	La famille Sylvère	Elle ne nous est pas apparentée. Mais les membres de cette famille ont connu un destin hors-norme : Mort(e) pour la France, Résistant(e), Déporté(e), Morte en déportation

Une des difficultés, lorsqu'on n'est pas dépositaire des documents, est de retrouver le parcours de ceux qui sont revenus. La loi ne permet pas la diffusion des documents les concernant. C'est le cas pour André Bouchaud. Pour Arsène Fournier, il nous a raconté ses souvenirs de Prisonnier de guerre. Mais il est resté peu de temps en camp de prisonniers, car il a été "libéré" comme salarié de la SNCF, et renvoyé sur son lieu de travail. D'autres hommes dans mon arbre sont dans le même cas : ils ont combattu et sont revenus. Il appartiendra à leurs descendants de retracer leurs parcours.

Et j'ai un espoir. Un jour l'enseignement de l'histoire sortira de sa litanie de dates, de conflits royaux, de guerres de succession, pour se pencher sur la vie des gens simples, pour expliquer comment toutes ces querelles royales ou impériales impactaient leurs vies. Sortir de cette histoire où seules les têtes couronnées et les nantis semblent trouver leur place. Il ne s'agit pas, comme j'ai pu le lire ici ou là, de remettre en cause la chronologie des événements. Il ne s'agit pas d'occulter les raisons de tel ou tel conflit.  Il ne s'agit pas de nier qu'une partie de la population suivait les raisonnements de ces têtes couronnées.

Mais de s'intéresser aux conséquences de ces batailles, de ces pillages, de ces massacres, de ces obligations de servir telle ou telle armée, sur des gens simples, qui ne cherchaient qu'à travailler pour nourrir leur famille.

De parler des conséquences pour ces populations des incessants changements de régimes, des allers et retours entre différentes nationalités

Alors, peut-être n'entendrons nous plus cette litanie qui revient si souvent dans la bouche des écoliers, des collégiens ou des lycéens : "J'aime pas l'histoire !'.

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