André Bouchaud (1919-1994) -2- La troupe Frilli et les jeux icariens

Les jeux icariens sont l'une des plus anciennes disciplines des arts du cirque. Le porteur est allongé sur le dos alors qu'il fait virevolter le voltigeur avec ses pieds.

Extrait de "En piste les acrobates", par Adrian 1973, Collection Encyclopédie du Cirque.

Les Icariens sont aussi des sauteurs, mais ils n’emploient ni batoude, ni tremplin, ni bascule, ni mains pour frôler le rêve d’Icare ; avec une infinie humilité corporelle, ils se font objet, et, pour bondir, ont imaginé d’être des sortes de balles et de se faire lancer par les pieds du partenaire. Autrefois, le porteur se couchait sur le dos à même la piste : maintenant, il utilise un accessoire spécial appelé "trinka".

La trinka est une sorte de fauteuil très bas permettant, par sa structure – plan incliné surélevant la partie postérieure de l’artiste – de se tenir les jambes en position verticale avec le moins de fatigue possible. La trinka apparaît le plus souvent posée sur un petit socle à 50 ou 70 cm du sol. Notons que la trinka est aussi employée dans certains exercices de jonglerie d’objets qualifiés "antipodisme" et que j’évoquerais dans un prochain livre.

Historiquement (et peut-être plus parce qu’il sut parfaire le numéro que parce qu’il fut "l’inventeur" – on prête ce titre au Signor Colpi, banquiste du XVIIè siècle-) c’est un nommé Richard Risley Carlisle qui est considéré comme le père des jeux icariens …..

Après lui, l’icarisme devint l’apanage de troupes où plusieurs porteurs prirent simultanément place sur des trinkas permettant des effets spectaculaires en série et des échanges de voltigeurs, bondissant des pieds d’un porteur à ceux d’un autre, truffant parfois ces passages d’un saut périlleux tourné, à l’occasion même, au travers d’un cerceau de papier.

La trinka

Dans "La Merveilleuse Histoire du Cirque" de Henry Thétard (première publication en 1947 chez Prisma, réédition en 1978, chez Julliard), celui-ci évoque la Troupe Frilli, sans photo, mais avec cette mention à la page 320 : "Les Frilli font un excellent travail combiné d’icarisme et de sauts en colonne".

En mars 1936, dans "l’Intermédiaire Forain", le chroniqueur Ali Héritier remarque "qu’est particulièrement appréciable le saut du voltigeur retombant sur l’un des pieds du porteur couché dans la trinka".

L'extrait du livre "En piste les Acrobates", ainsi que les références des deux autres ouvrages m'ont été transmis par correspondance par Adrian, cité ci-dessus.

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