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Charles Lhote (1844-1911), soldat de la guerre 1870-1871

[clic] Dans quel monde vivait-il ?
Branche Mauborgne
 

- Bonjour Charles

- Bonjour. Qui êtes-vous, Petite dame ? Depuis des mois vous tournez autour de ma famille, de mes parents, de mon épouse, de mes enfants... Vous posez des questions, vous farfouillez dans les papiers de la famille. Mais je ne vous connais pas.

- C'est vrai, vous ne me connaissez pas. Je ne suis pas une de vos descendantes. Vous êtes un cousin au 11ème degré, du côté paternel, de mes petites filles.

- ???

- Vous avez des ancêtres communs : Jean Nicolas François Lhote et Marguerite Petitjean. Ce sont vos arrière-grands-parents paternels. Pour elles ce sont des ancêtres à la Xème génération. Vous êtes aussi le grand-père maternel d'un artiste du XXème siècle, qui a redonné ses lettres de noblesse à la tapisserie d'Art : Jean Lurçat.

- Jean... Oui, je m'en souviens... Il est devenu artiste ! Mais mes arrière-grands parents, je ne les ai pas connus. Tout ce remue-ménage, en plus de me réveiller, cela vous a servi à quoi ?

- Je sais que vous êtes né le 14 décembre 1844 à Dompaire (Vosges-88). Votre père, Joseph était cloutier; il avait 41 ans à votre naissance. Votre mère, Marie Justine Cune avait 38 ans. Le 4 août 1872, vous avez épousé Marie Marguerite Amet, à Dompaire (Vosges-88). Et vous êtes décédé le 20 décembre 1911 à Nancy (Meurte-et-Moselle-54), à l'âge de 67 ans.

- Toute une vie résumée en 3 dates ! C'est un peu court. D'autant plus qu'il en manque une... si importante...

- Le 10 décembre 1870, peut-être ?

- Oui, jour funeste...

- Le jour où vous avez été gravement blessé en combattant près de Beaugency avec l'Armée de la Loire.

- Ma jambe, ma pauvre jambe...

- Vous avez été amputé de la jambe gauche. Je n'ose pas imaginer...

- Les balles qui sifflent de toutes parts, les canons qui crachent leurs boulets, des camarades qui hurlent de douleur, et d'autres qui ne hurleront plus jamais... Mais je ne dois pas me plaindre, j'en suis sorti vivant. Sans ma jambe gauche, mais vivant ! J'ai eu de la chance.

- De la chance, oui. Mais en 1870-1871, la "chirurgie de guerre" a commencé à émerger et à faire des progrès. Les soldats blessés et emmenés à l'infirmerie avaient plus de chance de survie.

- Des progrès ??? Amputation à vif ! Ils m'ont fait boire de l'alcool, ils m'ont mis un rouleau de cuir entre les dents. J'étais dans le brouillard, abruti par l'alcool et la douleur, mais j'ai bien vu la scie... Et j'ai senti ses dents mordre ma chair !

- Moment terrible...

- Le carnage pendant la bataille, le carnage après... Mais comment savez-vous tout ça ? Qui vous l'a raconté ?

- C'est vous ! Ou presque... Votre acte de mariage avec Marie Marguerite a éveillé ma curiosité. Il y est dit que vous êtes "Lieutenant au 51ème régiment de ligne, Chevalier de la Légion d'Honneur". J'ai été impressionnée et j'ai cherché à comprendre pourquoi vous aviez reçu cette décoration prestigieuse.

- Ma Croix... J'étais tellement fier de la porter le jour de mon mariage. Elle ne remplace pas ma jambe, mais quand même...

- La cérémonie de remise de la décoration a du être impressionnante. Vous seul au milieu de la place, vos camarades qui vous rendent les honneurs, le gradé qui agrafe la Croix...

- Oui, c'était impressionnant. J'étais seul. Mais autour de moi, ils étaient là : les camarades vivants, et aussi les autres, tous les autres, ceux qui ne sont jamais revenus. Allez, je retourne à mon silence... Bien content de vous avoir rencontrée...

- Avant de vous laisser partir, je tiens à vous remercier.

- Me remercier ? Pour avoir défendu mon pays ?

- Pour cela, bien sûr. Pour tous les sacrifices que vous avez consentis. Mais aussi pour m'avoir fait découvrir la guerre de 1870-1871.

- Découvrir ? Vous ne connaissiez pas cette guerre ? Mais on vous apprend quoi à l'école ?

- On nous parle un peu de cette guerre, mais elle est vite survolée. Ensuite, on passe à... Non, inutile de vous ennuyer avec ça. Mais il est difficile, même quand on est "grand", après l'école, de retrouver le parcours d'un soldat de cette guerre.

- Vraiment ? Et pourtant, il y en avait de la paperasse à remplir !

- Vraiment. "La paperasse" existe. On peut même la consulter. Mais il faut aller sur place, là où elle est conservée. Et ce n'est pas toujours facile.

- Alors, il faut que vous vous arrangiez pour que ce soit plus facile. Mes camarades disparus sur les champs de bataille, et même les civils tués - car il y en a eu - , tous nous méritons que vous nous connaissiez. Ce serait notre victoire, après cette guerre perdue. Oui... Toute cette conversation m'a bien fatigué. Au revoir, Petite dame, je retourne à mon sommeil.

- Au revoir Charles. Je parlerais de vous à mes petites-filles.

 

 

Le lieu où il a été blessé

 

 

 

 

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