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Joachim Martin (1842-1897)

Joachim, un violoneux contestataire !

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(Joseph) Joachim Martin naît en 1842, à Crots, petit village des Hautes Alpes. Toute sa vie, il sera menuisier, comme son père. Il épouse, en 1870, Marie Virginie Antoinette Robert, la fille d'un ancien maire de Crots. Quatre enfants naîtront de ce mariage. Il décède en 1897.

Joachim - il faut prononcer : jo-a-chin - semble spécialisé dans la pose de parquets. Il sait lire et écrire. Et il va trouver une façon assez particulière pour communiquer avec ceux qui viendront après lui. Il va confier ses réflexions ... au dos des planches de bois qu'il utilise pour réaliser ses parquets. Il sait que ses écrits ne seront pas retrouvés avant longtemps. Alors il se livre, quelques fois en termes un peu crus ...

Ces écrits sont datés : entre 1880 et 1881.

Source de l'image : site du Journal "Le Dauphiné"

Ces écrits seront découverts lors de la réfection des planchers du Château de Picomtal

Peut-être y en a-t-il d'autres, dans ce château ou sur d'autres chantiers qu'il a réalisés ... L'avenir le dira.

Ci-dessous, une partie du texte qui a été trouvé.

Laisser un témoignage

  • Heureux mortel. Quand tu me liras, je ne serai plus 
  • Depuis 55 ans que nous travaillons ici nous n’avons rien trouvé qui indique l’histoire. Pas un coup de plume, ny crayon. Ne fait pas comme eux, écrits toujours ta date. 1880.
  • Martin Joachim avoir fait le plancher en aout 1880 à 0 f 75 le mètre carré pour Mr Roman ex avocat

 Son père, Jean Joseph (1820-1879)

  • Martin Jean Joseph a travaillé ici de 1838 à 1878. Mort en 1878 âgé de 60 ans. Est mort minable et insolvable.
  • En 1850 Mon père eut des discussions avec les gens du pays. C’est ce qui le décida à laisser le métier de menuisier l’espace de 20 ans pour faire des briques.

Joachim, le violoneux

  • Heureux mortel ... sois plus sage que moi de 15 ans à 25 ne vivant que d’amour et d’eau de vie fesant peu et dépensant beaucoup. Ménétrier que j’étais.
  • Pour moi je languis sur cette terre, hélas où j’ai passé de si beaux jours comme le plus fort ménétrier violon de Gap à Briançon l’on te parlera de moi.
  • Hier dimanche 4 septembre la fête a été belle à Savines et je crois qu’il en sera de même à Embrun
  • Hier St Laurent tout s’est bien passé. Robert de barratier et sa femme ont diné chez moi et le soir jouer au violon 10 h Je quitte Mr Chevallier et viens te dire aujourd’hui 23 août 1880 que hier notre curé Lagier a fait le sermon sur le bal que j’ai donné dimanche dernier St Laurent sur quoi je me suis plain... à Mr Roman ce matin

Sa famille

  • Marié en 1868 avec une fille Robert Ex Maire des Crottes, âgée de 18 ans simple et modeste ayant jamais vu aucune pine avant son mariage avec moi.
  • Ce mariage d’inclination me porta aucun bonheur car ces parents furent toujours mes ennemis sauf celui de Baratier Robert oncle à ma femme et frère à son père Ipolyte Robert
  • Ami lecteur quand tu prendras femme demande lui son instruction et non pas d’argent pour dot.
  • Une sœur qui a une jambe de bois âgée de 32 ans, mariée à un fou cafetier à Embrun ; Voilà ce qui reste de mes douze frères.
  • 4 enfants : 3 filles et 1 garçon. Fille ainée goitre, 2e boiteuse, 3e fille muette sourde, garçon muet et sourd

 Son métier, ses conditions de vie

  • J’ai commencé en 1858 âgé de 15 ans à travailler pour Mr Berthe Père qui m’a fait faire que quelques meubles et palissades. Adieu ; une larme.
  • Mr Roman va arriver de Briançon et me grondera de voir que je n’ai pas fini le plancher
  • Aujourd’hui 16 Aout 1880 je continue le plancher. Mr va arriver de la Bessée
  • Bonjour 17 aout Monsieur arrive
  • Adieu pour quelques jours. Je vais chez Mr Chevalier au plancher 16 Aout 1880
  • Ami ne travaille pas tant, fais toi payer selon ton savoir
  • Ami si tu veux bien faire le travail fais-toi bien payer. Ne fais pas comme moi à 0,60 f le mètre de façon. Aussi bien je ne fais rien de bon. Il faut 1f la pause .
  • 5 heure. Je viens de manger un morceau de cochon qui vaut 1f10 la livre et un verre d’eau sucrée. Voilà mon existence, toujours seul au château je m’ennuie. Demain je vais chez Mr Chevalier médecin à Marseille.
  • Ami je viens de diner (Dieu quel diner) 2 assiétées de soupe
  • Le vin à 60 f l’hecto, le pain à 50 ctm le kg. Les pommes de terre 12 f les 100 kg ; Huile de noix 1,10 f la livre. La viande 1,80 le kg. Comment veux-tu vivre ?
  • Je siffle et suis gay et pourtant j’ai fait le plancher sans goutte de vin réduit à boire l’eau sucrée et quelque baton de chocolat par ma conduite déréglée. Sois plus sage et tu seras heureux. Martin

Les gens du pays

  • Mme Roman a 50 ans environ, mignonette et petite, caractère doux. Mme a été jolie et joyau des salons de Paris, a eu une fille à l’inconnu ce qui fait dire souvent à son fils ; va t’en à Paris faire boucher ton trou. Chose regrettable pour une mère. Ils ne sont pas d’accord.
  • Mme Roman et son cadet habitent Sisteron, ils ont 8 fermes à soigner
  • Mr Berthe est resté 20 ans Maire de la commune des Crottes. Le chagrin de 1870 l’a étouffé le jour de la prise de Sedan.
  • La commune a fait un emprunt qui passera par les mains du maire Philipp et nous serons ruiné 25 mille je crois. Malheur nous n’aurons que les sous et les pièces seront pour eux
  • Le maire Philipp empoche l’argent le cochon
  • Un homme brute et voleur des fonds de la commune
  • Comme son père il est le destructeur de la religion, pas de messe pas de prière
  • (une autre personne) : Leur père est venu du Piémont avec 5ct dans sa poche ; A servi les maçons 10 ans à Embrun. Entrepreneur de la centrale il y a gagné 50 mille francs et 10 au Pont Rouge
  • Le père Ange fermier a 4 enfants : 2 garçons et 2 filles. L’ainé des garçons travaille avec eux et a pris femme à Pontis. Petitonne assez gentille. Il y a 2 ans Il y a deux ans que Fredo lui a fait la commissions dans la serre à fleur. J’y ai marqué le jour et au bout de 9 mois résultat d’un beau garçon né brun et le fils ange est roux. Fredo prendra la ferme à la moitié avec le fils ange ainé donc que Fredo aura 2 femmes un bénet, et l’autre n’aura que les peines d’être père à la mairie et église et se trouve ici bienheureux d’être cornu par un homme qui le fait boire le dimanche. Tu trouvera cette datte à gauche de l’atelier 21 juin 1878 conjoncture de deux mortels à ce jour au château.

La météo

  • Le 1er septembre 1881 il pleut et tonne. Depuis 4 mois nous attendons cette ... Sur la montagne le bétail crevait de faim et de soif. Le soleil marque 70° de chaleur et 40° à l’ombre ; les chouettes crèvent et le fruit tombe. Un peu de blé dans la plaine ; pas de pomme de terre sur les montagnes, rien qui puisse nourrir l’habitant ; pain 0,80 Cent le K° Vin 70 environ l’hectolitre. Viande 1 f 50 le K°. Pomme de terre 20 fr les 100 kg. Cochon 2 f 50 le K. Œufs 1 F la douzaine. Poires et pommes 25 f les 10 kg. C’est une misère à vivre
  • Depuis 4 mois nous n’avons pas eu de pluie. Il y a de quoi pleurer ; Les vignes sont ruinées
  • St Roc n’a pas beau temps, il pleut il tonne il grelle. Bien des raisins, pas de blé 

Le chemin de fer

  • Le chemin de fer est bientôt terminé. Les ponts sont tous faits et les remparts d’Embrun seront bientôt rasés
  • Les employés du chemin de fer avalent tout sans compter la centrale ou détention ».
  • 4 à 5 mille piémontais au chemin de fer sur le canton d’Embrun. Les remparts à bas.

Un traumatisme

Peu de temps avant son mariage, Joachim a "surpris" un accouchement suivi d'un infanticide. Il reste marqué par cet événement.

  • En 1868 je passais à minuit devant la porte d’une écurie. J’entendis des gémissements. C’était la concubine d’un de mes grands camarades qu’elle accouchait; Ils ont vécu 10 à 11 ans ... de cochon. Elle est accouchée de 6 enfants dont 4 sont enterrés au dit écurie de 1 de mort (garçon) et la fille est en vie du même âge que ma fille. Je te dirai qu’il le lui a reproché en public.
  • Le vrai disciple de Tropman acoolyte de Dumolard et Vitalis a essayé plusieurs fois de brouiller notre ménage et pourtant je n’avais qu’à dire un mot et allonger le doigt droit à l’écurie tout en détention. Eh bien non, c’est mon ami d’enfance, je ne le ferai pas, sa mère est la maîtresse de mon père.
  • Quelques mois après le mariage de ce criminel, la cruelle concubine délaissée est partie pour Marseille laissant son enfant à son père sans autres nouvelles. Son père ayant une femme infirme et fossoyeur de son métier a pu faire disparaître les ossements de l’endroit. Ce despote a eu le courage de demander la main de ma femme la veille de notre union, lendemain du jour fatal... de l’écurie (horreur mon cœur se soulève).
  • Ce traitre persiste à se ruiner en fanfaronnades et à vêtir son femelle de 1 m 30 de haut pour donner le remors au cœur de ma moitié, mais peines inutiles, je sais souffrir et me taire. Je parlerai après sa mort si je survis ; Nous sommes heureux mais lui ne fera qu’un scélérat toute sa vie. Pauvre Hortense si belle à 18 ans te voilà vieilli dans le chagrin par ce maudit Benjamin Albrand.

Les curés

  • D’abord je lui trouve un grand défaut de trop s’occuper des ménages de la manière que l’on baise sa femme. Combien de fois par mois si on la saute si on fait levrette si on l’encule enfin je ne sais combien de choses qu’il a demandé et défendu à toutes les femmes du quartier. De quel droit misérable. Qu’on le pende à ces choses. Mr n’a pu le croire !
  • M’a plutôt l’air d’un gai luron de ce qu’il est fesant de grandes révérences aux femmes et les pauvres maris cocus sont obligés de se taire parce qu’il est médecin
  • (La sœur du curé) : comme une araignée surtout avec les postillons de la diligence avec qui on l’a trouvé plusieurs fois sous le poirier de Mr Roman 

Au revoir ...

  • Je te quitte ce jour 3 sept 1881 et te souhaite de gagner plus que moi à ce château. 22 ans de travail et pas un sou à la poche, travail à 4 f/jour et en dépenser 3/jour pour vivre

Nos liens de parenté : Joachim Martin est un cousin maternel de notre Sosa N° 1, Arsène Fournier

Pour aller plus loin avec Joachim

"Le plancher de Joachim" - Jacques Olivier Bourdon - Edition Belin - Collection Histoire

L'émission "La Marche de l'histoire" - France Inter - 31 octobre 2017 (podcast)

 

 

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